samedi 30 septembre 2006

Maester cligne comme un fou

J. Maxxx Xxxxester, alias Maëster, a débuté dans le magazine d'umour et de coussins péteurs "Fluide Glacial". Il y dessine quelques histoires, regroupées dans l'album ...et boules de gommes avant de lancer son premier personnage Athanagor Wurlitzer, obsédé sexuel (umour, poil à gratter et gros nibards !). Puis arriva Soeur Marie Thérèse des Batignolles, dans le même goût. J'étais ado, et ces séries étaient mes préférées de ce magazine.
Le dessin est simple, un peu ligne clair, entre réalisme et gros nez, avec des détails dans tout les coins des cases, un peu comme les premiers Pétillon. En fait, son mentor, c'est Gotlib, fondateur du magazine, avec Jacques Diament.


Gotlib était dans le Pilote des belles années, avant le puch des dessinateurs plongeant Goscinny dans la déprim'. Gotlib a quitté le navire (enfin, l'avion) et a créé, avec Mandrika et Brétécher, le magazine "L'écho des savanes"... qu'il a abandonné très vite à Mandrika pour se plonger dans le fluide que l'on sait.
Maëster se dessine dans chacune de ses histoires, jusqu'à devenir un des personnages principaux de Meurtres fatals, où il est l'inspecteur adjoint du commissaire Charolles (alias Gotlib). On avait déjà rencontré l'inspecteur Charolles dans la Rubrique à brac de Gotlib, fidèle adjoint du commissaire Bougret (alias Gébé).
Maëster dessine ses collègues à tout bout de champs. Ils sont personnages secondaires récurrents (Gaudelette et Coyote en petits flics et Delpierre en divisionnaire sur la case 1), ou occasionnel (Edika alias Freddy K sur la case 2, Chais pas qui, Ferri et Larcenet sur la case 3 et Blutch en case 4). On peut aussi voir leurs héros se promener : Chapeau Noir de Lamorthe (case 1), Clarke Gabeul d'Edika (en case 2), Pervers pépère de Gotlib (en case 5). Mais y en a plein... la surprise n'est plus de mise, je suis même déçu quand je n'en trouve pas assez...

Maester  

Dans Meurtres fatals graves, Maëster parodie des films d'action américains, de manière plus visible que Léturgie dans Spoon et White. On peut mettre en parrallèle ces 2 scènes, tirées de Meurtres fatals graves #2 p26 ( 1999) et de Spoon et White #2 p21 (2000) :

On pourra voir Maëster dans Spoonfinger (2002) et Spoon et White dans le #5 de Soeur Marie Thérèse (2001).
Maester fait aussi beaucoup de références à Tintin, un peu à Lucky Luke...

vendredi 29 septembre 2006

Eternel Luc Leroi

Jean Claude Denis a commencé à être reconnu grâce à sa série des aventures urbaines de Luc Leroi. Il a délaissé son personnage pour réaliser des albums en dehors des séries, des albums uniques. C'est le cas de L'ombre aux tableaux, qui raconte la déchéance d'un peintre incompris, un amour impossible et une résurrection inattendue.


Mais un héros "récurrent", ça ne se laisse pas tomber si facilement... Luc Leroi apparait dans cet album, ainsi que dans Le Pélican et dans Quelques mois à l'Amélie, brievement, sur un case, tout petit bien caché.
Les personnages principaux sont assis à gauche, et les deux bourges qui rentrent nous intéressent... Le cadrage nous pousse vers Luc, dans cet espace où la narration n'a rien à dire. Il faut juste laisser l'oeil se ballader ...
Le clochard qui devient l'ami du peintre est le dessinateur Ptiluc, on le retrouve en clin d'oeil dans Bande d'individus, une aventure de Luc Leroi.

mercredi 27 septembre 2006

Journal d'un chirurgien

Charles Masson n'est pas auteur de bandes dessinées, enfin, pas seulement : il est ORL dans un service de cancérologie, à Lyon au moment où se déroule l'histoire. Ses différentes expériences l'ont amené à écrire un livre poignant, dans la collection écritures (la seule chose à lire chez Casterman...).
C'est Soupe froide, ça raconte l'histoire d'un clochard atteint d'un cancer, qui fuit l'hopital, son manque d'humanité et de considération (on lui a servi de la soupe froide).
   
Les dialogues sonnent vrai, car ils ont été entendu au fil de ses rencontres. Cette histoire est un condensé de situations vécues, et on rentre dedans, on la vit entièrement. C'est terrible, c'est humain, c'est triste.
Bonne santé est construit différemment. C'est un recueil de 6 histoires, 6 médecins qui se racontent, sans lien entre elles. Elles sont séparées par des dialogues entre le médecin, qui fait sa tournée des chambres le 1er janvier, et ses patients. L'auteur n'a retranscrit que ses mots, on devine assez facilement ceux des patients, et ses pensées. Il a du mal à souhaiter une bonne année à ces gens qui vont mourir... Cette tournée est une corvée ! Il a beaucoup de distance avec ses malades, et heureusement qu'ils n'entendent pas ce qu'il pense ! Ses réflexions renvoient à beaucoup de dureté, d'agacement (le train-train, la fatigue) et aussi de tendresse. On découvre, notamment grâce aux 6 histoires, que cette distance est nécessaire. Les 6 petites chroniques nous font découvrir le quotidien d'un médecin, à côté de son travail proprement dit. On est dans les relations, souvent avec les malades, parfois avec ses collègues, peu avec leur famille. Et les relations, c'est ce que nous sommes. Il nous parle de nous.
Le menteur. Le medecin offre un cadeau à son amie. Elle découvre qu'il la trompe, il soutient le contraire, envers et contre tout. Contre les évidences. Elle le quitte, et lui, peu troublé, retourne avec sa maîtresse. Il lui offre le cadeau, qu'elle a vu chez lui, elle sait qu'il était destiné à son amie. Mais lui affirme que non... Ce médecin est un menteur professionnel. Il nous confie que c'est ce qu'on apprend dès le début de l'internat : le pieu mensonge. Il offre de l'espoir aux désepérés, aux malades sans avenir... Il offre la vie. 
Le prof. Le médecin est chez sa maitresse, il parle. Il raconte sa journée, elle écoute, s'endort un peu. Il a merdé aujourd'hui, une femme est morte sur sa table, et c'est très rare dans son service. Il est le chef du service, celui qui à la manivelle pour que le jour se lève. Mais là, il a merdé. Il se sent comme un petit enfant, perdu devant une maquette à monter... il espère celui qui lui dira comment s'en sortir... mais aujourd'hui, il est celui là : il ne peut compter que sur lui.
Et il se sent si faible. La mort de cette femme l'a choqué...
Les pantoufles. Un médecin en week-end à la compagne raconte la venue des "campagnards" à son hopital. Ce récit mêle des images de sa promenade au village (et sa visite à un ancien patient dans une ferme) avec des scènes cocasses, dures et tendres de petits vieux en pantoufles, débarquant à la ville. On sent beaucoup de compassion, d'intérêt pour ces gens perdus... Le passage de l'annonce du diagnostic est terrible. Le constat qu'il fait de la vie gâchée de son ancien patient nous ramène à nos vies... L'histoire se termine par ce vieux fermier, qui fume à travers le trou qu'il a dans la gorge...
La carapace. Un médecin décrit la vie à l'hopital. Celle des médecins, avec leur humour gras et leur univers machiste. Les jeunes internes se font bizuter, et se mettent une carapace (symbolisée de manière assez drôle dans les petits gags) pour rentrer dans la grande famille. Mais il y a des moments magiques entre parenthèses, où le medecin redevient un homme, et parle normalement avec son infirmière, de peinture, de littérature... L'histoire est entrecoupée de petits gags, sous forme de strip, dessiné avec un style plus clair. Le running gag est très drôle.
Mme Lustucru. Un scénariste propose une histoire à un producteur, qui lui avait déjà refusé Soupe froide. Il lui raconte l'histoire de Mme Lustucru, une patiente incurable, sans traitement possible, qui étouffe, que le médecin opère depuis quelques jours chaque matin pour lui enlever la tumeur qui grossit sans arrêt... Elle se réveille après l'opération, heureuse : elle croit qu'elle est morte. Puis réalise que non, que ça va recommencer... Elle demande à ce qu'on arrête ce cirque... qu'on la laisse enfin... Le médecin le lui promet. Conscient de son rôle de bourreau, il envoie un collègue le lendemain, faire le nécessaire, l'accompagner...
Romance. L'éditeur repproche à l'auteur de ne parler que de choses noires. Quand on lui annonce les morts de la nuit, il dit que c'est une bonne chose de faite... que lorsque la mort est la fin d'un cauchemar, qu'elle arrive dans la nuit, sans souffrance, c'est une bonne chose. La belle histoire qu'il raconte (celle d'une mère qui meurt juste avant son fils malade, après l'avoir veillé chaque jour) n'en est pas vraiment une...
    
Bien sûr, ce sujet me touche de près, et je pleure tout au long du livre. Mais ce livre (ainsi que Soupe froide), je l'ai partagé avec Nat, on l'a aimé dès le début, tout simplement parcequ'il raconte quelquechose, il parle de la maladie, de la vie et de la mort. Le ton est vrai. Ce genre de livre est très rare en BD, et c'est celui que je préfère (je l'ai déjà dit pour La Marie en plastique et je le redirai pour les suivants que je critiquerai...).

La mort est très présente dans ce livre, c'est quelque chose qui obsède l'auteur. Il pense à la mort de sa fille, il rit pour se protéger.

Les récits sont souvent illustrés par des images de la vie, une ballade que fait le médecin dans la campagne, et parfois, l'illustration colle avec ses pensées (il parle du vide, et passe près d'une piscine). On n'est pas complètement à l'hopital, parcequ'il nous entraine ailleurs, mais tout nous y ramène finalement... Le dessin peut rebuter au début, et c'est vrai que je n'en suis pas très fan. Mais le dessin est le vrai piège en BD, mes plus grandes déceptions sont liées à des achats faits sur le dessin (il y a moult jeunes auteurs talentueux, et de vieux bons auteurs qui n'ont plus rien à raconter), et mes plus grands bonheurs au dépassement de ce premier dégoût (je n'ai lu Rebecca à l'INRA qu'après avoir lu tout le reste qui m'interessait, et après l'avoir reposé 15 fois : c'est pourtant un chef d'oeuvre). Le dessin de Masson est simple (le N&B accentue cette impression), adroit, mais je n'aime pas sa manière d'encrer. Ca n'est en aucun cas une gêne pour la lecture...
Plongez-y...

lundi 25 septembre 2006

Simon cligne comme un malade

Simon Léturgie est le fils de Jean, journaliste (aux cahiers de la BD) et scénariste. Son dessin est dans la mouvance des héritiers de Morris (Conrad). Il a réalisé en 96, Polstar (aux éditions paternelles Eigrutel), une série Trash, assez dure, notamment parceque ce style de dessin n'illustre jamais de récit où la mort est violente. Toujours avec son père, qui s'est adjoint Yann Lepennetier (alias Balac ou plus simplement Yann) au scénario, il réalise Spoon et White chez Dupuis (trop violent pour rester dans Spirou). C'est une série très drôle, où Yann est au mieux dans les dialogues. Simon a dessiné Tatsoin, sur le même principe que Dans la joie jusqu'au cou d'Alexis. Et des petits ouvrages : Viocq Mic Mac (racontant la genèse de Niacq Mic Mac), Le contrat Polstar (un bonus de la série)... et récemment Space Cake, où on suit les errances d'un navire spacial, ayant malencontreusement anéanti la Terre (en voulant rendre service au père Noël).
Ses livres sont garnis de clins d'oeil. Notamment au cinéma d'action américain (du genre avec Bruce Willis ou Mel Gibbson). Dans le road-comics A gore et à cris, Spoon s'arrête dans le motel de Psychose, tenu par Norman Bates-Anthony Perkins. On assiste au meurtre de Marion Crane-Janet Leigh dans les WC, la douche étant occupée par Hitchcock. Lors de l'aventure en perfide Albion, il est question des agents 00, victimes d'une élimination systématique. Il place également Wallace et Gromit, 2D, Noodle... des Gorillaz, tous sujets de sa gracieuse majesté... Yann place lui des références très pointues à la littérature, à l'actualité...
Le talent de Léturgie, est de transformer légèrement certains personnages connus, ou secondaires, et de les placer ça et la dans le décor...
 
Les petits asiatiques sont des cousins de Coton Kid, Tony (d'Alberto), Titeuf et Boule (de Bill). Les ptits black sont les fréres de la bande à Titeuf...
Il lui arrive de prendre les personnages d'autres BD, tels quels, avec quelques adaptations...
 
Les voyous de la Ribambelle deviennent des ptits délinquants. On voit sur la première image un tag "Roba", et sur une autre image de l'album, un tag de Bill. Un de leur fournisseur est Larry Bambel ! Les gentils de la Ribambelle sont représenté par leur disciple brittanique, qu'on aperçoit dans Spoon finger. En prison, Spoon retrouve Max Faccioni de Goffaux et Archie Cash (image 2) de Malik. Sur le bateau, un des passager est André Papignolles alias Libellule. Dans XXL, parmi la foule de gros, Obelix porte un tatouage "Albert", son créateur, et un petit chien obèse (Idefix ?).
 

Uderzo est représenté un peu plus loin dans XXL avec Oumpapah, son 1er héros. La baffe suivante est Obelixienne, et le repas des aliens de Space Cake très gaulois.
  
Simon se dessine très souvent, ainsi que Yann, Jean et Isard qui l'assiste sur les dessins. On retrouve le père et le fils dans une boîte de nuit de Space Cake et en aliens dans le buffet gaulois. Dans Tatsoin, ils sont spectateurs du show (après Tintin et cie, Spirou et Fantasio, Lolo et Sucette...). Dans le # 4 de Spoon & White, ils sont dans la rue, en face de la morgue, où les policiers emmène un clochard mort (Yann) et où Isard est sur le billard. Dans le #2, il y a quelques tags "Eigrutel" et "Balac". On pourra voir dans le #5, en arrière plan, sur 4 cases qui se suivent : Simon, Jean, Yann et Isard. 
 
Plus de clins d'oeil ici et .

samedi 23 septembre 2006

Oubapo -1

L'Oubapo a été créé autour des gars de l'Association. C'est le pendant de l'Oulipo, et des divers OuQuoiPo. Il s'agit d'écriture sous contraintes, avec le média particulier qu'est la BD, comprenant des images et du texte, et un lien particulier entre les deux. Les possibilités auraient du être plus grande que pour les autres Ouvroirs... Ben non.
Il s'agit en fait de jeux, n'apportant jamais rien à la "BD", ni à la narration, ni au dessin... Menu, fondateur de l'Asso, comme de l'Oubapo, croit que, lorsqu'il fait quelquechose d'original, est génial. Il tire à boulet rouge sur son compère Trondheim, édité chez satan Delcourt et méchant Dargaud... Menu est plein de contradictions, et les assume avec une excellente mauvaise fois. L'Oubapo est composée de ptits jeunes, où Groensteen (ancien directeur des Cahiers de la bande dessinée et du CNBDI) donne une certaine légitimité... certaine... Dans le Livre 1 paru à l'Association en 97, Groensteen voit de l'Oubapo partout, où, honnêtement il n'y en n'a pas...
Les dessinateurs, en dehors de leurs oeuvres, jouent à :
- La réduction : une oeuvre classique est réduite en une page.
- La substitution : un texte célèbre (Freud, Dumas ou Pif) remplace les textes originaux d'une BD.
- L'ordonnancement géométrique : le nombre de case croit de strip en strip...
- Le pliage : une fois plié, la page raconte tout autre chose.
- Les strips croisés : les strips peuvent se lire de gauche à droite ou de haut en bas.
- Le palindrome.
- L'itération : le dessin est répété, seuls les textes changent.
- L'upside-down : on peut également lire la page en la retournant (dans les années 1900, Verbeck avait créé les aventures de little lady Lovekins et old man Muffaroo, où la suite de la page se lisait en la retournant).
- Le morlaque : la fin de l'histoire se raccorde au début : c'est sans fin.
C'est souvent pas terrible, sans intérêt pour le média. Et le résulat est décevant.
Heureusement, quelques génies sont là, comme Lécroart, qui a réalisé un ouvrage palindromique étonnant (Cercle vicieux à l'Asso). Ayroles et Trondheim aboutissent a de bonnes choses dans ces petits exercices.
Mathieu a utilisé différents artifices (dessins en 3D nécessitant des lunettes rouge et bleue, un trou dans un page entrainant la relecture d'une même case, une spirale...) dans les Aventures de Julius Corentin Acquefacques. La forme est au service du sujet : il est question de narration et de technique de bande dessinée (les points de fuite, la quadrichromie...). Il ne s'agit pourtant pas de BD oubapiennes.
Trondheim a réalisé de vrais ouvrages Oubapiens. Ses aventures de Lapinot se situent dans notre monde, dans un certain calme. Pour prendre le contre-pied, il a imaginé un livre, course poursuite du début à la fin (Mildiou au Seuil). Dialoguiste de talent, il dessiné La mouche sans un seul dialogue. Avec Sergio Garcia, il a réalisé Les 3 chemins, où chaque personnage se promène sur son strip, qui vient téléscoper de temps en temps celui d'un autre. C'est de l'OuTronPo.
Le 1er album que j'ai lu de ce genre est NogegoN de Schuiten et Peeters. Il est palyndromique (comme son titre le laisse deviner) dans la forme (pas autant que Cercle vicieux). L'histoire est basée sur la symétrie nécessaire à la vie des personnages. C'est un exercice de style génial, qui ne saute pas forcément aux yeux à la 1ère lecture...

jeudi 21 septembre 2006

Hergé, encore et toujours -5

Blutch a débuté grâce à un concours de BD organisé par le magazine d'umour et bandessinées "Fluide Glacial". Ses planches (parue dans le n°142) racontent les dessous de Tintin au Tibet, où les personnages sont joués par des acteurs, qui parfois ratent leur scène, font des pauses quand ils sont hors-champs... On découvre un "Haddock" imposant et un "Tintin" complètement effacé, timide, vide. C'est finalement ce que voulait Hergé en créant un héros aux traits clairs : chaque lecteur peut se mettre à l'intérieur de cette coquille vide et vivre ses aventures. C'est plus difficile avec Haddock, qui a un caractère bien défini, des vices, une vie hors de Tintin. Haddock est plus attachant que Tintin... les héros d'aujourd'hui lui ressemblent.
Blutch a continué à réaliser des histoires dans "Falaouide glazioude". Il a imaginé les aventures de la princesse Sunnymoon, du Petit ChristianRancho Bravo et Blotch. C'est un de mes dessinateurs préférés, avec Forest. Le trait, le jeu des noirs et blancs me touchent profondément. Les dialogues, leur retranscription aussi, sont étonnants. Blutch est un dessinateur qui a ouvert de nouvelles voies de narration (à découvrir dans les merveilleux Mitchum) et c'est quelqu'un de très important dans la nouvelle génération d'auteurs de BD. Je n'aime pas trop ce qu'il fait aujourd'hui, sa Vitesse moderne comme La volupté sont trop surréalistes. Il ne faut pas y chercher d'histoire, juste l'émotion procurée par les dessins... Dans ce cas, pourquoi vouloir faire un album de BD... plutôt que des livres d'illustrations ! Cela dit, les dessins me ravissent toujours autant.
Blutch a fait beaucoup de références à Tintin, dont certaines décalées très drôles : un des nombreux héritiers de Rackham Le Rouge, dans la file d'attente des princes désirant conquérir le coeur de Sunnymoon, montre sa carte de visite où on peut lire son nom "Leprince-Charmant" (dans Tintin on lisait Rackham-Lerouge).  Tintin apparait même dans cet album (une case volée au Temple du Soleil).

Dans les aventures de Sunnymoon, on peut découvrir d'autres références, dont celles ci-dessus. On reconnait Mitsuhirato, l'infâme japonais. Rex s'accroche à la voiture comme Tintin en Orient. Un robot qui sort des dialogues d'Objectif Lune et de Tintin au Tibet. Dans Total Jazz, on découvre l'aversion des héros de BD vis à vis du Jazz, dont Tintin et ses amis.
En couverture d'Asterix, Barbarella & co, ouvrage sur les planches du musée de la BD d'Angoulême, on peut voir Tintin en smoking avec 7 autres héros. Sur les pages de garde, on voit un amalgame de scènes mythiques (le champignon qui grossit, le fétiche qui crie houba (?)) clos par le gardien du musée qui sonne la fermeture (comme dans L'oreille cassée).
Dans le Fluide Glacial spécial Mode, deux Tintin en pantalon de golf toisent un Tintin (l'air noble) en pantalon droit. Dans M. Bloche, les vieux dessinateurs de presse se moquent d'un petit nouveau, Georges Rémi, qui leur présente son Tintin... Dans Mish Mash, on voit dans un marché, Van Melkebeke, ami qu'Hergé a placé à plusieurs reprise dans les aventures de Tintin. Il a un lot de cannes, rappelant une autre scène mémorable où les Dupondt embarquent sans le vouloir une malette. Le petit Christian, sorte de Blutch enfant, va chercher son livre : Le sceptre d'Ottokar. Il est question de "boula matari", sorte de sage dans les aventures au Congo. En fin d'album, une image isolée, sorte de pub pour des cigarettes, rappelle une image de L'affaire Tournesol.

Blutch, fer de lance de la nouvelle BD est ancré dans le classique.

mercredi 20 septembre 2006

Les moutons de Mars

En voici un magnifique, du même tonneau que Soeur Marie Thérèse dans Julien Boisvert. On est dans Le lièvre de Mars, série dessinée par Parras et scénarisée par Cothias. C'est une série très réaliste, dans le dessin et le ton. On suit la course d'un homme qui raconte être revenu de Mars, seul survivant parmi une centaine de techniciens et scientifiques. Il est en fuite : on cherche à le tuer. Et tous ceux qui lui viennent en aide, et plus globalement, tous ceux à qui il parle, sont éliminés.


Cette petite case se place dans le démarrage d'une séquence de poursuite, elle se lit très rapidement. Cependant, l'oeil, qui ne peut s'empécher de lire des mots (ben, essayez de juste regarder une affiche, sans essayer d'en déchiffrer les mots : c'est impossible) l'oeil donc s'arrête sur la fourgonnette au premier plan. F'murrr est l'auteur du génie des alpages, série parue dans Pilote, où un berger et son chien philosophent avec leurs brebis. Dont une conduit la fameuse fourgonnette !
C'est un clin d'oeil inattendu car il n'y a apparemment pas de lien entre ces deux dessinateurs, et que trouver un clin d'oeil à une série non réaliste (gros nez) dans une série réaliste est étonnant et rare.

lundi 18 septembre 2006

Les amis de l'atelier -2

Robin reprend le local, place des vosges à Paris, de Guy Delcourt en 90, devenu trop petit pour cet éditeur dynamique, audacieux mais pas que (il édite de la daube par wagons). L'atelier Nawak en 91, c'était Vicomte, Karim, Hérody, Robin, Trondheim et Findakly. En 94 il y avait Duhoo, Bravo, B, Tronchet, Blain, Sfar, toujours Trondheim et madame. En 95, Nawak a laissé place à l'atelier des Vosges, avec Sfar, Blain, Guibert, Satrapi... C'est un endroit de passage, où les auteurs travaillent à leur rythme, ensemble mais chacun à leur table. On peut en avoir une idée en lisant l'album autobiographique Approximativement de Trondheim, ou Livret de Phamille de Menu. On pourra s'amuser à faire des recoupements avec le Journal d'un album de Dupuy et Berberian.
A Nawak, une tradition voulait que chaque planche dessinée mentionne le nom de l'atelier (vu dans Le 9ème art, 2 planches de Duhoo). On le retrouve caché dans La révolte d'Hop-Frog de Blain et B, dans les Gnognottes de Menu , dans Rouge de Chine de Robin, Jean-Claude Tergal de Tronchet, Approximativement, Mildiou et Le crabar de mamouth de Trondheim.
Un autre jeu consistait à cacher un message ("Le message caché") dans chaque album. On le retrouve chez le très joueur Trondheim (dans Approximativement, Donjon et les Lapinot), Robin (dans Crève !, Koblenz, La teigne et Rouge de Chine), Mazan (dans L'hiver d'un monde) et Turf (dans La nef des fous).
Dans Demi-tour de Boilet et Peeters, on peut rencontrer divers personnages connus : les serveurs sont Blain (image 1) et Peeters, les chiraquiens heureux sont Bravo et Sfar (image 2, clin soufflé par Boilet car sur une seule image, de dos, je ne me serais jamais avancé à une telle certitude) et les réceptionnistes sont Guibert (image 3) et Micol.


Dans Tokyo est mon jardin des mêmes Boilet et Peeters, on rencontre dans le métro parisien Boutavant, B, Guibert, Tronchet et Torrin.
Blain fait intervenir Trondheim et Bravo (en panda) dans Donjon -99, Boilet (Love Hotel est un de ses albums), Sfar, Bravo, B et Trondheim dans La révolte d'Hop-Frog.
Dans l'histoire de David B dans le Comix 2000, on remarque des caisses "Duhoo" et "Menu". Dans La lecture des ruines en vitrine d'une librairie on trouve des BD de Blain, Guibert, Satrapi et Sfar.
Menu plonge aussi dans l'auto-moi-biographie avec Livret de Phamille et Mune comix où on voit l'atelier et ses résidents.
Je n'ai trouvé qu'une référence à cette bande chez Robin : le porte crayon de Trondheim dans La teigne. Robin fait beaucoup de clin d'oeil à Taduc, sous forme de messages cachés (il y a là un autre petit groupe d'amis : Gabrion, Robin et Taduc).
Chez Sfar, dans Donjon, on trouve un tableau de Menu dans une taverne. Dans Grand Vampire les passants sont Trondheim, B, Blain, Guibert et Sfar. Dans ses carnets, il raconte sa vie où intervienent tous ses amis. Bravo est l'"Emile" de La vallée des merveilles. Blain apparait dans Sardine de l'espace, où on trouve des références à Donjon, qu'il réalise avec Trondheim.
Dans Les damnés de la terre, on trouve les établissements Guibert-électroménager, une pub pour l'emprunt Blain, une offre exceptionnelle Bravo. Dans Jean-Claude Tergal on note un dessin de Sfar et Ariane, héroïne de Vicomte. Tout ça c'est de Tronchet.
Dans les oeuvres autobiographiques de Trondheim, on voit quasiment tout ce beau monde (Approximativement, les Carnets de bord et Désoeuvré). Dans Donjon, Grogro est Meder de Menu (qui ne s'exprimait que par "grogro"). Dans Blacktown, il y a Bravo et B, dans Pichnettes : B, Menu et Stanislas, dans Mildiou les 5 de l'asso (sans Konture).

dimanche 17 septembre 2006

Hergé, une influence incontestée -4

Michel Plessix est un auteur Maloin, qui a dessiné dans le fanzine "Frilouz" une série avec Hiettre Mark Jones, en référence à la célèbre aventure de Blake et Mortimer. Le héros a les traits de Fournier, chez qui Plessix a débuté. Il a poursuivi avec La déesse aux yeux de Jade avec Dieter (chez Milan), puis avec Julien Boisvert et une participation au collectif Du Souchon dans l'air avec Le tendre.
Son style dans Julien Boisvert est particulier, plutôt réaliste, mais avec des restes "gros nez" de La déesse. Dès la première lecture (c'était lors de mon premier achat pour la BDthèque de l'INRA), j'ai été marqué par sa mise en image (analogie avec la mise en scène cinématographique) et sa mise en page, très vivante, assez nouvelle, notamment pour un ouvrage grand public. L'histoire ne casse pas trois pattes à un canard. On suit au fil des 4 albums (se déroulant au Nyasso, à Guernesey, dans un pays d'Amérique centrale et enfin aux USA) l'évolution de Julien, qui prend de plus en plus d'assurance, qui commence à diriger sa vie. Bon, ça se laisse lire pour profiter du paysage et du talent du dessinateur... La suite des aventures de Plessix en BD, c'est Le vent dans les saules (puis dans les sables), ouvrages destinés à la jeunesse, où je ne m'y retrouve pas, où le ton est mauvais. Et je ne suis pas sûr que les enfants s'y retrouvent, dans une langue trop datée, pas vivante, un manque d'action et des dialogues pesants... C'est bien dommage qu'il ne se soit pas orienté vers des ouvrages "adultes"...
Les références à Hergé dans Julien Boisvert sont nombreuses.

Dans le #1, on peut voir un livre de Tintin dans une étagère chez Julien. Un militaire marchande des bouteilles de whisky "Loch Lomond", la marque de Haddock dans Les Picaros (image 3).
Dans le #2, au distingue les Dupondt dans un marché (image 2), lieu mémorable d'une Duponterie (Le secret de la Licorne). Julien offre Lîle noire (image 4), dont il garde de merveilleux souvenirs, avant de jouer au gorille (image suivante). On retrouve enfin les Dupontd à l'aéroport.
Dans le #4, dans la gare de triage (sur la couverture de l'album), il y a un wagon transportant du "Loch Lomond" (doucement sur la bibine Michel). Dans la foule à un meeting de fachos KKK, on remarque Tintin accompagné des Dalton et de Lucky Luke (image 1, pas facile). Une illustration en fin d'album nous présente Julien et son chien déguisés en Tintin et son Milou, avec leur valise de globe-trotters.
Pour en finir avec Plessix, voici les clins repérés : dans Du Souchon dans l'air, on trouve sur une sonette "Rollin" et "Dubois". Dans Julien Boisvert #1, il y a un Spirou sur la table basse du bureau du directeur, un marsupilami en plastoc sur le frigo de Julien. Le directeur envisage d'envoyer Raymond Tronchette en Afrique (d'après Raymond Calbuth de Tronchet, que l'on retrouve dans le #2, à l'aéroport, avec les Dupondt). On trouve un paquet de café "Lax", en rapport avec le dessinateur ? (chez l'épicier de Guernesey, dans le #2, on voit une pub pour un film d'appareil photo Lax). Dans le #2, Julien se remémore un conte de Pierre (Dubois assurément), ami de son grand-père. Dans la librairie où il trouve L'île noire, on voit "Mega Wave", ouvrage de référence dans La marque jaune de Blake & Mortimer et "Nightmare", à retrouver chez Floc'h. Un bateau s'appelle Bizu, petit héros de la bretagne magique de Fournier. Chez l'épicier, on voit un carton publicitaire "Maester". Dans le #3, il y a sa fameuse Soeur Marie Thérèse (à voir ici) et peut être bien Théodore Poussin de Le Gall, dans un restaurant (un chauve avec des lunettes rondes...). Dans le #4, il y a les Dalton au meeting nazi, et deux BD : Le Torte de Rollin et Névé de Lepage et Dieter (Lepage qui a enterré Julien dans Névé !).

samedi 16 septembre 2006

Peut-être sur le T alors ?

Celui-ci arrive un peu tôt, mais je viens de relire la série Raoul Fulgurex de Tronchet dessinée par Gelli, qui est vraiment très drôle, et ce clin d’œil m'a bien fait rire.

Raoul Fulgurex est un contrôleur d'intrigue qui doit veiller au bon déroulement de la narration dans les oeuvres de fiction. Puis, dans les brigades d'intervention, il doit s'assurer, entre autre, que la caisse de crabe n'écrase pas Tintin...
Le boss du 5ème bureau est épaulé par un abruti, qui cherchant des rescapés du bounty sur une carte soumet l'idée qu'ils sont peut être sur le "A" de Atlantique. Idée farfelue, qu'on a vu jouer... dans les aventures de Philémon de Fred.

Le héros se promène, grâce à des passages secrets, sur des îles qui sont les lettres de "Atlantique".

vendredi 15 septembre 2006

Soeur Marie-Thérèse du Venezuela

Les découvertes qui m'ont donné les plus de plaisir sont celles qui sont les plus difficiles à trouver : des petits trucs cachés au fond de l'image, ou tout devant, la représentation d'un personnage secondaire (voire tertiaire) rappelant le héros, des allusions dans les dialogues... Dans un article précédent j'ai placé deux clins parmi mes préférés : deux références discrètes à Tintin par André Juillard. Dans un autre, j'aime bien celui de Pétillon en référence à L'oreille cassée ("Caramba encore raté !").
Mais aujourd'hui, c'est au tour de Plessix, qui dans Jikuri, une aventure de Julien Boisvert, a placé un clin d'oeil qui semble très loin de son monde. Il fait des références occasionnelles à Dubois, Rollin, Lepage, Fournier... on reste dans la même bande bretonnante. Mais ici... Allez, je vous laisse quelques secondes d'observation (j'ai déjà cadré la case qui représente quasiment une page entière).


Bon, allez, encore 3 petites secondes... C'est bon, top. Bon, un indice : c'est un personnage présent dans la revue Fluide Glacial (et en plus c'est vraiment drôle) ... C'est une sorte de femme...

jeudi 14 septembre 2006

Hergé, une influence comme on a dit -3

Emile Bravo est un auteur dans la ligne claire. Son style de dessin est classique, mais le ton employé dans les dialogues, les situations décrites et les relations entre les personnages sonnent très justes. On n'est plus spectateur d'une sorte de théâtre, on éprouve une empathie envers les acteurs qui nous ressemblent, dont les actions ne sont pas toutes dirigées vers le déroulement de l'histoire, mais qui les définissent un peu mieux. C'est Kaamelott comparé au Seigneur des anneaux. C'est ce que j'aime avant tout dans la bande dessinée, le ton plutôt que l'histoire.

Dans le #2 des épatantes aventures de Jules chez Dargaud, on fait la connaisance d'un journaliste belge antipathique, flanqué d'un chien épileptique : Milou XXIII. Il est prétentieux, fait un scandale dans le train à destination de Londres, lui qui voulait allé en belgique, suplie à genoux le Dr qu'il avait descendu dans un de ses articles. Rien à voir donc avec notre blanc Tintin, si ce n'est ses vêtements. Au policier brittanique qui lui dit qu'il est un sorte d'Hercule Poirot, il répond qu'il serait plutôt une sorte de Tintin, qu'évidemment le policier ne connait pas.
Dans le #5, Jules fait allusion à une de ses lectures de Tintin. En effet, il vit une vrai aventure, comme son héros : ses références trouvent une place dans sa vie. A la fin de la tempête, les occupants du bateau dématé sont secourus par une navette spaciale, comme dans Vol 714 pour Sidney. Il s'agit de martiens qui accompagnent, de loin en loin, Jules dans ses aventures depuis le #1.
Les références sont explicites. Le journaliste, découvert dans le train, par ses habits a tout de suite fait penser à Tintin : on tenait du bon clin d'oeil ! Mais son rôle est devenu plus important, et il a cité Milou puis Tintin. Le clin d'oeil final est tout de même plus dissimulé, il s'agit de scènes cousines, qu'un lecteur de Tintin ne peut manquer (des ET chez Tintin, ça marque, d'autant qu'on a un sentiment de frustration très fort car on ne les voit à aucun moment, et seul Milou s'en rappelle).
Je n'ai pas trouvé d'autres clins d'oeil dans les livres de Bravo, d'autant que sa production est assez réduite. Il y a Ivoire, petit livre qui vient d'être réédité par la Pastèque du Québec, 3 tomes d'Aleksis Strogonov et 5 de Jules. Ah si : on voit Lewis Trondheim et Brigitte Findakly dans Aleksis Strogonov (voir dans les photos CDO-Divers). Il y a peut être d'autres clins d'oeil trop perso pour que je puisse les découvrir. Bravo a repris avec Sfar, le temps d'un Pilote (je crois) la série Blake et Mortimer. Bravo a réalisé des illustrations pour divers journaux, souvent à destination des jeunes, et des livres illustrés (Boucles d'or, un truc sur la guerre...).

Je n'aurai qu'un seul mot : merci.

mercredi 13 septembre 2006

La Marie fantastique

Un petit bijou vient de paraître, édité aux nouvelles éditions Futuropolis.

On suit les "aventures" d'une famille dans un petit village. La grand-mère (grenouille de bénitier de retour de Lourdes) et le grand-père (léniniste ronchon) se cherchent des poux, et on commence l'histoire à un moment où le fossé entre eux est bien creusé, bien étayé. Ils habitent chez leur fille, son mari et leurs 2 enfants. Leur fils n'habite pas bien loin avec sa famille. Tout ce petit monde se côtoie sur fond de dispute, au moment de la communion des 2 cousines.

Rabaté réalise une chronique sur les gens simples, leurs gestes de tous les jours, leurs mots qui sous la banalité et les lieux communs dissimulent des sentiments plus ou moins profond, une sensibilité... Il prend du temps pour nous rendre ses personnages réels, pour qu'on apprenne à les aimer. L'histoire est surtout centrée sur le beau-fils, on connaît peu les petits-enfants et la belle-fille. Mais tous les autres personnages ont un caractère bien trempé. On connait tous des gens qui leur ressemblent. C'est sensible, émouvant, juste et drôle. C'est une respiration au milieu des histoires d'héroïc-Fantasy avec des filles aux gros seins et des gars avec des grosses épées, au milieu des histoires de cow-boys sans intérêt, de SF qui bourrinent (il n'existe pas de bonne BD SF, avec un questionnement sur le monde actuel !)... Un coup de théâtre se produit à la fin :
on plonge dans le surnaturel. On attend, haletant, le 2ème chapitre. On retrouve notre bon vieux Rabaté, lassé de la BD après son adaptation fleuve d'Ibicus de Tolstoï débutée en 98 (magnifique du point de vue graphique, jamais égalé, mais si loin de son univers...). Futuro a sorti le mois dernier Les petits ruisseaux, dans la même veine, mais au style plus épuré, proche de celui de Prudhomme dans La Marie en plastique, mais aux couleurs à l'ordinateur pas très belles.

Prudhomme est étonnant et magnifique. Cet album ne ressemble à rien de ce qu'il a fait. Port Nawak est en noir & blanc, beaucoup moins réaliste, avec des dessins aux contours aléatoires. Ninon sécrète (de la saga des 7 vies de l'épervier avec Cothias) est surprenant chez Glénat, dans la collection Vécu, où le dessin doit être réaliste, propre et net. Les auteurs ont piégé leur éditeur en faisant glisser le style d'un réalisme approximatif et impersonnel vers un style propre à Prudhomme, plein de poésie. Avec l'adaptation du roman de Brassens, en compagnie de Davodeau, il s'ancre dans cette poésie, avec de belles couleurs, une mise en page libre, voila, c'est ça, on sent plein de liberté dans ce livre (merci Georges). Dans La Marie, le dessin est sobre, les couleurs proches des à-plats, la mise en page en gaufrier (de 8 parfois 9 cases) s'éclatant rarement en 2 grandes cases ou une case unique (comme les hors-texte dans Tintin). Les attitudes des personnages sont si proches de la réalité, que je suis surpris d'être surpris : comment les autres dessinateurs dessinent-ils ?? Le grand-père est génial, sa tronche, ses attitudes, sa bougonnerie... Le dessin est le miroir de l'histoire : on est dans la simplicité, la justesse. Prudhomme est malheureusement délaissé par les éditeurs, il doit ses parutions à ses amis : Ibicus et Port Nawak sont dans la collection Intégra de Vents d'Ouest dont Rabaté est un pilier, La tour des miracles paraît chez Delcourt grâce à l'estampillation Davodeau, dont c'est l'éditeur, et jamais il n'aurait été édité chez Futuro sans Rabaté. Ben moi, j'aime Prudhomme et j'espère qu'il saura être reconnu un jour. En attendant, il vient en dédicace à Bédélire le 7 octobre, il veut repousser cette date la semaine suivante, où Blutch vient (et fait un tabac) car il aime cet auteur et aussi a peur de faire un bide s'il est seul...

Futuro de Robial et Cestac, éditeur de Tardi et Bilal, des premiers Rabaté et Denis, c'était quand même le début de la BD indépendante, underground, imaginative et révolutionnaire. L'association en est une sorte de prolongement. On est content d'y retrouver cet album. Comme quoi, l'éditeur des fameuses filles bronzées aux gros seins (Soleil) ne s'est pas ingéré dans Futuro, comme on le craignait après son rachat. Bon, Futuro était l'éditeur de Farid Boudjellal, frère de Mourad, patron de Soleil. Farid sort de sa longue absence grâce à cette nouvelle situation (qu'il profite de ce piston, Petit Polio est une BD sensible qui gagne à être connue). Gnaedig, en quittant Dupuis a amené des projets dans ses cartons... mais des projets Dupuis ! Et on se demande aussi ce que fait Brunschwig là dedans, auteur prolifique chez Delcourt, il multiplie les séries chez Futuro. L'identité de l'éditeur en devient floue : d'un côté les trucs sans intérêt qu'on peut lire partout ailleurs (chez Delcourt et Dupuis notamment), d'un autre des bijoux de Prudhomme, Blutch, Rabaté, Denis mais qui resteront confidentiels. Robial ne s'était pas trompé en prenant ses distances avec cette reprise.
PS : je suis vachement fier, j'ai posté cette critique à BDParadisio qui l'a accepté, et diffusé un extrait sur la page d'accueil, en guise de lien pour la rubrique "Vos critiques".


Larcenet en parle là, mais faut aller un peu en bas de ce long article.

mardi 12 septembre 2006

Lisa Desamours

Il y a actuellement sur le forum de BDParadisio un sujet sur Georges Bari, dessinateur de Lisa Desamours dans le journal de Spirou, dans les années 60-70.

En 2002, le journal annonçait son retour après plus de 20 ans d'absence. Retour toujours retardé, repoussé, reculé... Bari est devenu un personnage de la série Le boss (de Berco et Zidrou), comme d'autres dessinateurs du journal. Dans le courrier des lecteurs, on s'interrogeait sur cet auteur aujourd'hui inconnu malgré sa gloire d'hier, dont les ouvrages épuisés sont introuvables.

Il s'agissait d'un canular mis en place par Zidrou (créateur, entre autre, de Margot et Oscar Pluche, BD pleine de rires). Ben oui, peu de lecteurs auront reconnu le style d'Alec Séverin à travers les maigres esquisses que Bari réussissait à envoyer à la rédaction (entre 2 attaques cardiaques).

Séverin est un auteur exceptionnel. Il est quasiment inconnu du grand public, et pourtant reconnu par ses pairs. Il fait parti du milieu de la BD belge, où il a cotoyé les dieux (Jijé, Franquin...). Il a réalisé des affiches de festival de BD, des couvertures d'album (la BD à Bruxelles...), a dessiné dans Jojo de Geerts (Le serment d'amitié) a participé à des collectifs (Chats de Frank, 20 couvertures pour Spirou et Fantasio...), au rédactionnel de Spirou... Et malgré cela, un libraire BD sur 10 -et encore- le connait (un libraire à Bédélire et un autre à Oscar Hibou, aucun à Rennes depuis qu'Alain et Marylène ont laissé Ty-bull). Séverin ne cherche pas à être connu, il fait de la BD dans ses temps morts (il est illustrateur). Au milieu des années 90, il avait commencé une série aux éditions Lefrancq, au moment où elles faisaient faillite. On l'a empéché de reprendre son personnage (problème de droits...). Il a commencé une autre série, chez Magic strip, au moment de leur faillite, les films ont été retenus en otage chez un imprimeur, en attendant d'être payé... L'éditeur Delcourt les a récupérés dans un lot, et l'a édité comme un cochon (les couvertures sont toutes craquelées) distribué comme un voyou (l'album a été soldé, c'est à dire que l'auteur ne touche rien sur les ventes). Séverin est maudit. Depuis, il réalise ses albums de A à Z, cousant les livrets entre eux, collant les rebords des couvertures : tout. Ses tirages sont, du coup, très faibles : entre 30 et 950 exemplaires selon les ouvrages.
Je m'étais lancé sur le forum BDParadisio (Séverin et le style rétro), en mars 2006, avec un regret (on ne parle pas assez de Séverin) et une interrogation : pourquoi personne (du coup, personne parmi les fans) ne parle de Lisa Desamours, puisqu'il s'agissait de notre maître en pleine lumière (les tirages du journal Spirou hebdo, ben c'est pas de la gnognotte). A la suite de ça, je suis rentré en contact avec Alban, qui créait un site sur Séverin. Il a créé en plus un blog et diffusé des intox sur les forums de plein de site BD, et sur Wikipedia (je ne savais pas qu'on pouvait y écrire ce qu'on voulait !!) : le canular était de retour, et était assez drôle. Mais bon, on est 4 ou 5 à s'exciter dessus, ça n'intéresse pas grand monde, les dingues de Spirou ont feuilleté 40 ans d'hebdomadaire pour nous prouver que Bari n'a jamais été publié dans le journal... on leur dit qu'ils se trompent... Comme ceux qui disent que Bari = Séverin, on les contredit on disant que Séverin a été l'élève de Bari, voila pourquoi les styles sont semblables. Bon, là Alban vourait qu'on révèle que Bari = papa Séverin... Ben j'en ai un peu assez. Je crois que les gens ont compris de quoi il retournait, notre jouet est cassé, il faut savoir le mettre à la poubelle (dans la verte : à recycler).
Il y a quelques dessins de Séverin dans les images>dédicaces. C'est un auteur talentueux, en plus hyper gentil (manquerait plus qu'y morde) et sacrément disponible. A lire (ben, t'façon vous pourrez pas le trouver alors).

vendredi 8 septembre 2006

Les amis de l'atelier -1

Lorsque des auteurs travaillent de manière très proche, des liens se tissent forcément. J'ai longtemps cru que les journaux permettaient ce type de relations. Je pensais que les auteurs du journal tintin y travaillaient comme on travaille à l'usine, avec le rédac-chef en guise de contre-maitre... je pense que le rédactionnel était pour beaucoup dans cette illusion (à l'aide de numéros spéciaux, où par exemple tous les auteurs reprennent un personnage...). Si on voit Cosey chez Derib et vice-versa, c'est qu'ils sont tous les 2 suisses, et que le jeune Cosey est allé débuter chez le moins jeune Derib. Les premiers "ateliers", ça devait être le studio Hergé et l'appartement de Jijé. Et puis aussi le studio Peyo, celui de Greg... Le travail de dessinateur étant assez solitaire, beaucoup se sont laissé enfermer. Les ateliers sont ré-apparus il y a une quinzaine d'année. Les bretons de la côte de granit rose, Nawak-atelier des Vosges, Gottferdom, 410TTC, les anciens de St-Luc époque Andréas...

Quand des liens se tissent, on en trouve des traces dans nos lectures favorites.
A St-Luc on enseigne entre autre la BD. Les professeurs sont  Paape, Renard... C'est à l'époque de ce dernier qu'Andréas arrive à l'institut. Il y rencontre Duveaux, l'année suivante arrivent Berthet, Cossu et Foerster, puis Schuiten, Goffin, Serafine, de Spiegeleer... Ensuite, Andréas suit les cours d'Eddy Paape, avec un certain nombre d'étudiant de St Luc. Andréas, Berthet, Cossu et Foerster s'installent dans un atelier qu'ils louent ensemble, à la fin des années 70, pendant un an.

Ils se retrouveront épisodiquement, pour diverses heureuses collaborations :
- Berthet et Andréas avec Mortes saison en 85
- Berthet et Cossu avec Le Marchand d'idée en 85-86 puis avec Rêves de chien en 87
- Berthet et Foerster avec L'oeil du chasseur en 88 et Chien de prairie en 96
- Andréas et Foerster, Cossu et Goffaux avec Dérives en 91
- Andréas et Foerster avec Styx en 95

- On peut voir des clins d’œil à Andréas chez Berthet, dans Amerika et Pin up #3 (Astor, personnage de Rork), dans l'oeil du chasseur (un livre de Rork), chez Cossu dans Alcester Crowley (est-ce Rork dans ce bar ?) et la tâche vivante est-ce celle des premiers Rork ?
- Berthet est repéré chez Andréas dans Cootoo (l'employé de Foster et Berth), dans Cromwell Stone #1 (est-ce le barman ?), dans Raffington Event (qui voila : Filbert).
- Cossu est présent dans Dérives d'Andréas (nom sur la sonnette, le type chauve) et dans Raffington Event (comme tous les copains de l'atelier).
- Foerster est dans Cootoo (au coté de Berthet), dans Raffington Event, dans Cromwell Stone #1 (BD), dans Dérives (nom sur la sonnette), dans Capricorne (strip de Styx). On le trouve chez Berthet dans Pin up #1 (Foerster de l'US Air Force, ce vieux farceur de Foester), chez Cossu dans Alcester Crowley #1 (Gouatremou et le capitaine dans un bar).

C'est finalement assez peu, mais j'ai très peu lu Cossu et Foerster. Certains clins d’œil sont peut être aussi trop de l'ordre de la "private joke" pour que je puisse les repérer... Et puis on n'est pas trop dans le style franche rigolade (propice au clin d’œil) : Andréas fait des histoires fantastiques (et elles le sont) et Berthet des polars. En tout cas, ça me fait plaisir de les voir se retrouver pour des albums et dans des albums, comme de bons vieux amis qu'ils sont...

lundi 4 septembre 2006

Hergé, une influence incontestée -2

René Pétillon est un auteur classique, également lauréat du grand prix de la ville d'Angoulême, en 1989. Il a fait de nombreuses références à Tintin, entre autres. En effet, le genre "comique" est propice aux visites de divers personnages. D'une part parce que cela peut être drôle, et puis parce que l'auteur peut se permettre ce type de référence, qui trouve moins sa place dans une BD réaliste. Dans son Bienvenue aux terriens, variation de Valérian, agent spacio-temporel, on trouve les héros de Moebius, Bilal, Druillet, fine fleur de Pilote passée aux Humanos. Revenons à nos moutons.
En 1983, parait un hors série de (A suivre), suite au décès de Hergé. On y trouve les 2 planches suivantes en noir et blanc (la version couleur parait dans La fin du monde est pour ce soir).


On y retrouve les personnages principaux, et d'autres marquants, des scènes "mémorables" d'angoisse. Seul le gag du sparadrap collant est rappelé ici ("gag" n'est pas le mot qu'aurait employé Haddock, victime de cet urgo droopysien). Toute la vie de Tintin dans un cauchemar. Les aventures de Tintin ne seraient-elles qu'un rêve ? Elles semblaient si réelles...
Le chien des Basketvilles est une enquête d'avant Jack Palmer, menée par vous savez qui (mais non, pas Voldemort !). On découvre assez vite que le monstre est un Milou géant. Tintouin et Tournesol, n'apparaissant que ponctuellement, rappellent le coté découvreur du professeur : Tintouin veut savoir si son produit grossissant marchera sur son... sa... enfin, vous voyez quoi (mais non, pas la bite à Voldemort !).


Le cas de conscience de Milou est un classique des aventures de Tintin, on le retrouve notamment au Tibet, quand Milou doit choisir entre le message de détresse et l'os. La case suivante rappelle un vieux marin dans L'île noire, décourageant Tintin d'y aller affronter sa mort.

Ces cases sont issues d'Une sacré salade et du Prince de la BD.


Un vol de bijoux fait forcément penser à la Castafiore (d'autant qu'il n'y a pas eu de véritable de vol, peut-être à cause de ce clin d'oeil d'ailleurs). Le coiffeur reconverti se fait piéger comme Haddock chez les incas. La fusée lunaire est un objet de décoration régulièrement utilisé (nous y reviendrons peut être un jour). La dernière case marche sur 2 niveaux : il faut voir l'action et le tableau : on est en pleine affaire de L'oreille cassée, avec le tueur maladroit.

dimanche 3 septembre 2006

Hergé, une influence incontestée -1

La bande dessinée est devenue un livre avec Tintin au Congo, plus populaire que Tintin au pays des soviets, jamais réédité. Le directeur du Petit XXème l'avait rendu humain en mettant en scène son retour de Russie. Nous sommes en 1930, et Hergé n'a pas beaucoup de collègue, d'ailleurs, dessinateur de BD n'est pas encore un vrai métier.
La génération qui suit, après la guerre, sera influencée par le Maître, notamment les auteurs travaillant dans son studio (Martin, Jacobs, De Moor) ou dans son journal, enfin, celui de tintin (Cuvelier, Laudy, Funken...). N'oublions pas, de l'autre coté de la ligne claire, la bande de Jijé (Paape, Morris, Will, Franquin) qui fera d'autres émules.
De génération en génération, on a commencé à lire Tintin. Et aujourd'hui encore, des auteurs qui ont été enfants, se rappellent leur premier héros dans leurs propres livres.

Johan De Moor est le fils de Bob De Moor, principal collaborateur de Hergé au studio, créateur de Monsieur Barelli, de Cori le mousaillon, repreneur de Guy Lefranc de Martin et de Blake et Mortimer de Jacobs. Il a surtout laissé ses créations de côté, pour se consacrer à Hergé. Etrangement, Hergé placera à plusieurs reprises Van Melkebeke et Jacobs dans les aventures de Tintin et jamais Bob... Bon, et Johan la dedans ? Il a connu Hergé depuis tout petit, a repris Quick et Flupke (en adaptant les planches de Hergé, et en y plaçant à une occasion un tableau de son héros Gaspard de la nuit). Il est l'auteur de La vache avec Desberg, agent dormant dans une ferme comme toutes les autres. On y trouve des références à Tintin.


Les deux premières scènes rappellent des scènes vues dans Tintin en Amérique. Des hommes d'affaires, un peu pressants et renchérissants les uns sur les autres, on en a vu dans cet épisode en Amérique : ce sont ceux qui veulent acheter le territoire des indiens à Tintin après qu'il ait trouvé du pétrole (plus tard, d'autres hommes d'affaires voudront lui acheter l'exclusivité de son reportage en Amérique). Johan a repris le visage de 3 d'entre eux. Le point de départ est la situation, qui a donné l'idée au dessinateur de reprendre une scène équivalente dans une de ses vieilles lectures.
La deuxième scène part du même principe, sauf que le vendeur de journaux est le même, et dans la même posture que dans Tintin. Contrairement à la première image qui est une recomposition, celle-ci est une copie.
De Moor avait besoin de 3 marins, il en a choisi dans l'univers de la BD : Popeye, Haddock et Corto Maltese. Haddock est utilisé uniquement en tant que marin, sans lien avec son identité (Haddock, dans la vrai vie (?) n'est pas un bandit) ou avec une situation connue.
On trouve d'autres références au monde d'Hergé chez Johan De Moor : dans La vache #4, parmi des imagettes en bas de page, on découvre la vache déguisée en Tintin, une sirène de bateau fait le "Tooot" traditionnel des albums de Tintin. Dans La vache #7, la vache recherche quelqu'un, on lui répond "no sé" à chaque fois... comme dans Le temple du soleil lorsque Haddock cherche une trace de Tournesol. Dans le #8, on aperçoit le temps d'une case un Haddock en perdition dans l'espace.

André Juillard est un auteur confirmé (grand prix du festival d'Angoulême en 1996), au style classique. Il a rencontré le succès avec Arno, en compagnie de Jacques Martin, pilier du studio Hergé. Il a réalisé Les 7 vies de l'épervier et Plume aux vents, son prolongement, avec Cothias. Il reprend en alternance avec Benoit les aventures de Blake et Mortimer de Jacobs.


Dans le premier tome de Plume aux vents, Ariane a les yeux dans le vide... Elle ne réalise pas qu'elle est assise à la table de célèbres aventuriers. Et page suivante, à bord d'un navire, elle rencontre Hippolyte Beurré d'Amamis, qui a les traits du professeur Hippolyte, ami gigantesque de Tournesol, dernière victime des 7 boules de cristal.
Miss Sneek, agent brittanique à la solde du KGB, se rend dans un restaurant, à la devanture similaire à celle du "Klow" dans Le sceptre d'Ottokar. Dans cet album, Tintin y suit un agent syldave. Ce lieu reste un repaire d'espion. Le garçon est le même que chez Tintin. Comme pour les hommes d'affaire de De Moor, la situation similaire a provoqué ce téléscopage.
On trouve d'autres (rares) clin d'oeil dans son oeuvre. Dans le n° spécial Rythm n' bulles de (A suivre) en 1986, Juillard appelle son chef d'orchestre Herbert Von Kara(boud)jan, du nom du célèbre bateau de Haddock, et de son félon second Allan.
Dans Les 7 vies de l'épervier, la reine, avec ses accents italiens, cherche le roi dans le parc, au milieu des roses, comme la castafiore avec Haddock à Moulinsart (dans Les bijoux de la Castafiore). Dans la même série, un personnage endormi avec sa pipe brûle sa barbe, comme Haddock dans Coke en Stock. Ces clins d'yeux ne sont pas évidents, il s'agit sans doute de l'effet "à force de chercher, on trouve" : ils ne sont peut être pas volontaires...