jeudi 21 septembre 2006

Hergé, encore et toujours -5

Blutch a débuté grâce à un concours de BD organisé par le magazine d'umour et bandessinées "Fluide Glacial". Ses planches (parue dans le n°142) racontent les dessous de Tintin au Tibet, où les personnages sont joués par des acteurs, qui parfois ratent leur scène, font des pauses quand ils sont hors-champs... On découvre un "Haddock" imposant et un "Tintin" complètement effacé, timide, vide. C'est finalement ce que voulait Hergé en créant un héros aux traits clairs : chaque lecteur peut se mettre à l'intérieur de cette coquille vide et vivre ses aventures. C'est plus difficile avec Haddock, qui a un caractère bien défini, des vices, une vie hors de Tintin. Haddock est plus attachant que Tintin... les héros d'aujourd'hui lui ressemblent.
Blutch a continué à réaliser des histoires dans "Falaouide glazioude". Il a imaginé les aventures de la princesse Sunnymoon, du Petit ChristianRancho Bravo et Blotch. C'est un de mes dessinateurs préférés, avec Forest. Le trait, le jeu des noirs et blancs me touchent profondément. Les dialogues, leur retranscription aussi, sont étonnants. Blutch est un dessinateur qui a ouvert de nouvelles voies de narration (à découvrir dans les merveilleux Mitchum) et c'est quelqu'un de très important dans la nouvelle génération d'auteurs de BD. Je n'aime pas trop ce qu'il fait aujourd'hui, sa Vitesse moderne comme La volupté sont trop surréalistes. Il ne faut pas y chercher d'histoire, juste l'émotion procurée par les dessins... Dans ce cas, pourquoi vouloir faire un album de BD... plutôt que des livres d'illustrations ! Cela dit, les dessins me ravissent toujours autant.
Blutch a fait beaucoup de références à Tintin, dont certaines décalées très drôles : un des nombreux héritiers de Rackham Le Rouge, dans la file d'attente des princes désirant conquérir le coeur de Sunnymoon, montre sa carte de visite où on peut lire son nom "Leprince-Charmant" (dans Tintin on lisait Rackham-Lerouge).  Tintin apparait même dans cet album (une case volée au Temple du Soleil).

Dans les aventures de Sunnymoon, on peut découvrir d'autres références, dont celles ci-dessus. On reconnait Mitsuhirato, l'infâme japonais. Rex s'accroche à la voiture comme Tintin en Orient. Un robot qui sort des dialogues d'Objectif Lune et de Tintin au Tibet. Dans Total Jazz, on découvre l'aversion des héros de BD vis à vis du Jazz, dont Tintin et ses amis.
En couverture d'Asterix, Barbarella & co, ouvrage sur les planches du musée de la BD d'Angoulême, on peut voir Tintin en smoking avec 7 autres héros. Sur les pages de garde, on voit un amalgame de scènes mythiques (le champignon qui grossit, le fétiche qui crie houba (?)) clos par le gardien du musée qui sonne la fermeture (comme dans L'oreille cassée).
Dans le Fluide Glacial spécial Mode, deux Tintin en pantalon de golf toisent un Tintin (l'air noble) en pantalon droit. Dans M. Bloche, les vieux dessinateurs de presse se moquent d'un petit nouveau, Georges Rémi, qui leur présente son Tintin... Dans Mish Mash, on voit dans un marché, Van Melkebeke, ami qu'Hergé a placé à plusieurs reprise dans les aventures de Tintin. Il a un lot de cannes, rappelant une autre scène mémorable où les Dupondt embarquent sans le vouloir une malette. Le petit Christian, sorte de Blutch enfant, va chercher son livre : Le sceptre d'Ottokar. Il est question de "boula matari", sorte de sage dans les aventures au Congo. En fin d'album, une image isolée, sorte de pub pour des cigarettes, rappelle une image de L'affaire Tournesol.

Blutch, fer de lance de la nouvelle BD est ancré dans le classique.

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