samedi 23 septembre 2006

Oubapo -1

L'Oubapo a été créé autour des gars de l'Association. C'est le pendant de l'Oulipo, et des divers OuQuoiPo. Il s'agit d'écriture sous contraintes, avec le média particulier qu'est la BD, comprenant des images et du texte, et un lien particulier entre les deux. Les possibilités auraient du être plus grande que pour les autres Ouvroirs... Ben non.
Il s'agit en fait de jeux, n'apportant jamais rien à la "BD", ni à la narration, ni au dessin... Menu, fondateur de l'Asso, comme de l'Oubapo, croit que, lorsqu'il fait quelquechose d'original, est génial. Il tire à boulet rouge sur son compère Trondheim, édité chez satan Delcourt et méchant Dargaud... Menu est plein de contradictions, et les assume avec une excellente mauvaise fois. L'Oubapo est composée de ptits jeunes, où Groensteen (ancien directeur des Cahiers de la bande dessinée et du CNBDI) donne une certaine légitimité... certaine... Dans le Livre 1 paru à l'Association en 97, Groensteen voit de l'Oubapo partout, où, honnêtement il n'y en n'a pas...
Les dessinateurs, en dehors de leurs oeuvres, jouent à :
- La réduction : une oeuvre classique est réduite en une page.
- La substitution : un texte célèbre (Freud, Dumas ou Pif) remplace les textes originaux d'une BD.
- L'ordonnancement géométrique : le nombre de case croit de strip en strip...
- Le pliage : une fois plié, la page raconte tout autre chose.
- Les strips croisés : les strips peuvent se lire de gauche à droite ou de haut en bas.
- Le palindrome.
- L'itération : le dessin est répété, seuls les textes changent.
- L'upside-down : on peut également lire la page en la retournant (dans les années 1900, Verbeck avait créé les aventures de little lady Lovekins et old man Muffaroo, où la suite de la page se lisait en la retournant).
- Le morlaque : la fin de l'histoire se raccorde au début : c'est sans fin.
C'est souvent pas terrible, sans intérêt pour le média. Et le résulat est décevant.
Heureusement, quelques génies sont là, comme Lécroart, qui a réalisé un ouvrage palindromique étonnant (Cercle vicieux à l'Asso). Ayroles et Trondheim aboutissent a de bonnes choses dans ces petits exercices.
Mathieu a utilisé différents artifices (dessins en 3D nécessitant des lunettes rouge et bleue, un trou dans un page entrainant la relecture d'une même case, une spirale...) dans les Aventures de Julius Corentin Acquefacques. La forme est au service du sujet : il est question de narration et de technique de bande dessinée (les points de fuite, la quadrichromie...). Il ne s'agit pourtant pas de BD oubapiennes.
Trondheim a réalisé de vrais ouvrages Oubapiens. Ses aventures de Lapinot se situent dans notre monde, dans un certain calme. Pour prendre le contre-pied, il a imaginé un livre, course poursuite du début à la fin (Mildiou au Seuil). Dialoguiste de talent, il dessiné La mouche sans un seul dialogue. Avec Sergio Garcia, il a réalisé Les 3 chemins, où chaque personnage se promène sur son strip, qui vient téléscoper de temps en temps celui d'un autre. C'est de l'OuTronPo.
Le 1er album que j'ai lu de ce genre est NogegoN de Schuiten et Peeters. Il est palyndromique (comme son titre le laisse deviner) dans la forme (pas autant que Cercle vicieux). L'histoire est basée sur la symétrie nécessaire à la vie des personnages. C'est un exercice de style génial, qui ne saute pas forcément aux yeux à la 1ère lecture...

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