Emile Bravo est un auteur dans la ligne claire. Son style de dessin est classique, mais le ton employé dans les dialogues, les situations décrites et les relations entre les personnages sonnent très justes. On n'est plus spectateur d'une sorte de théâtre, on éprouve une empathie envers les acteurs qui nous ressemblent, dont les actions ne sont pas toutes dirigées vers le déroulement de l'histoire, mais qui les définissent un peu mieux. C'est Kaamelott comparé au Seigneur des anneaux. C'est ce que j'aime avant tout dans la bande dessinée, le ton plutôt que l'histoire.
Dans le #2 des épatantes aventures de Jules chez Dargaud, on fait la connaisance d'un journaliste belge antipathique, flanqué d'un chien épileptique : Milou XXIII. Il est prétentieux, fait un scandale dans le train à destination de Londres, lui qui voulait allé en belgique, suplie à genoux le Dr qu'il avait descendu dans un de ses articles. Rien à voir donc avec notre blanc Tintin, si ce n'est ses vêtements. Au policier brittanique qui lui dit qu'il est un sorte d'Hercule Poirot, il répond qu'il serait plutôt une sorte de Tintin, qu'évidemment le policier ne connait pas.
Dans le #5, Jules fait allusion à une de ses lectures de Tintin. En effet, il vit une vrai aventure, comme son héros : ses références trouvent une place dans sa vie. A la fin de la tempête, les occupants du bateau dématé sont secourus par une navette spaciale, comme dans Vol 714 pour Sidney. Il s'agit de martiens qui accompagnent, de loin en loin, Jules dans ses aventures depuis le #1.
Les références sont explicites. Le journaliste, découvert dans le train, par ses habits a tout de suite fait penser à Tintin : on tenait du bon clin d'oeil ! Mais son rôle est devenu plus important, et il a cité Milou puis Tintin. Le clin d'oeil final est tout de même plus dissimulé, il s'agit de scènes cousines, qu'un lecteur de Tintin ne peut manquer (des ET chez Tintin, ça marque, d'autant qu'on a un sentiment de frustration très fort car on ne les voit à aucun moment, et seul Milou s'en rappelle).
Je n'ai pas trouvé d'autres clins d'oeil dans les livres de Bravo, d'autant que sa production est assez réduite. Il y a Ivoire, petit livre qui vient d'être réédité par la Pastèque du Québec, 3 tomes d'Aleksis Strogonov et 5 de Jules. Ah si : on voit Lewis Trondheim et Brigitte Findakly dans Aleksis Strogonov (voir dans les photos CDO-Divers). Il y a peut être d'autres clins d'oeil trop perso pour que je puisse les découvrir. Bravo a repris avec Sfar, le temps d'un Pilote (je crois) la série Blake et Mortimer. Bravo a réalisé des illustrations pour divers journaux, souvent à destination des jeunes, et des livres illustrés (Boucles d'or, un truc sur la guerre...).
Je n'aurai qu'un seul mot : merci.
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