lundi 13 mars 2017

Lecture de 2017 -5

Bagieu et Boulet : La page blanche (2012 - Delcourt / Mirages)
j'aurais aimé pouvoir dire du mal de cette bd. D'une dessinatrice de blog, de bd girly (autobio superficielle ultra-autocentrée)... Le truc que je déteste à priori. Mais voilà : malgré un dessin passablement moyen (moyennement passable) et des couleurs assez horribles : je me suis laisser prendre par ce petit drame, enquête sensible et comédie humaine. Ce livre pose beaucoup de questions, met en évidence des paradoxes et des évidences. La tonalité générale est au bord de la comédie... mais la perte de la mémoire, finalement, donne un petit air morbide (je repense à cette scène émouvante de Sunshine cleaning, où, sur les lieux du suicide d'alzheimer, on découvre une multitude de post-it insuffisants). Grand lecteur de Tcho, au dessus des épaules de mes enfants, je suis tombé sous le charme de Boulet. Je trouve son dessin impeccable, ses procédés narratifs très intelligents (son blog en contient un peu, et ses Notes également, avec les ptits récits de liaisons inédits). Ça fait des années que je pense qu'il fallait un bouquin comme ça pour asseoir le talent de Boulet parmi les fesses des grands. C'est dommage qu'il ne dessinât pas l'histoire...

Christophe Blain : Gus #2 à 4 (2009 à 2017 - Dargaud)
J'étais fan de Blain depuis la découverte de La révolte d'Hop-Frog. Mais chais pas, la lecture de Gus #1 m'a laissé indifférent. J'en attendais plus ? La fille ne m'a pas fait oublier que j'adore cet auteur.
Comme aujourdhui, il n'y a pas grand chose d'attirant en librairie, comme je n'attends plus rien : j'ai acheté le #4. Je me suis demandé pourquoi j'avais arrêté cette série. J'ai arrêté la lecture de ce tome pour me replonger dans les précédents empruntés aussitôt.

Incontournable, Blain est méga-talentueux. Mais ça, tout le monde le sait. Enfin, pour qui écoute France inter et lit téléramache.

Daniel Blancou : Le roi de la savane (2008 - Delcourt / Shampooing)
Des bulles qui nettoient la tête : c'est le leitmotiv de la collection de Trondheim. La maquette de cette ouvrage, le texte des rabats de couv et le traitement des couleurs nous entrainent dans le passé mythique du cirque. Sauf que les animaux parlent, entre eux et à leurs dresseurs. Le tout (dialogues, psychologie des perso, dessin) est ravissant. Mais je ne comprends pas l'intérêt d'avoir chamboulé la linéarité du récit à ce point : tout ces aller-retours m'ont perdu. Le lionceau se rappelle les mots du paternel, maitre de la savane, lui qui ne maitrise rien. Ces moments donnent une autre dimension au livre (César est un genre de Gaston Lagaffe) qui tombe à plat à cause de cette dilution. Et c'est dommage.
C'est le premier de ses bouquins. Dans les suivants, chez Sarbacane, il utilise le même style graphique, très vivant. Depuis, il dessine réaliste pour des histoires réelles et réalistes chez futuropolis.

Lucas Varela : Le jour le plus long du futur (2015 - Delcourt / Shampooing)
J'avais lu L'héritage du colonel sur le seul nom de Trillo (super déçu !) quand je m'aperçois que son dessinateur est celui du livre du jour. Le dessin est super classique, que ce soit la ligne claire (des auteurs qui ont digéré celle des anciens, pas de ceux qui s'acharnent à recopier, reprendre cette ligne sans l'avoir compris) ou les cadrages (des plans moyens comme au théâtre). Le résultat est très beau, très lisible... parce qu'on a besoin de ça pour s'accrocher à cette histoire sans paroles, divisée en chapitres apparemment clos (mais qu'on devine fortement liés)... On est dans un monde étrange (dans le futur ? sur une autre planète ?) où la valoche d'un extraplanétaire échoué vient tout déséquilibrer. Tout est question d'équilibre d'ailleurs, parce que le monde est divisé en 2 cotés... le blanc et le noir, aussi écrasant l'un que l'autre. C'est assez barré, avec des rebondissements, mais finalement très clairs.
Bon, on reste quand même à distance, parce qu'aucun des personnages n'est vraiment attachant, et le manque de dialogue y est pour beaucoup.

Clarke et Lapière : Urielle (2009 - Soleil-Quadrants / Boussole)
Le texte introductif m'a complètement perturbé : je découvrais l'existence des béguines, et je m'attendais à en découvrir le fonctionnement. La béguine n'est cependant que le cadre de l'histoire, et sa spécificité (communauté de femmes religieuses autonomes, hors du clergé) n'est qu'approchée quand un inquisiteur déboule pour mener une enquête. Je n'ai pas cru à l'histoire (pourquoi la mère de cette congrégation mettrait les lumières sur elle ?).
Je reste admirateur du talent de Clarke... mais décidément, je ne suis pas très fan de ses récits dramatiques.

Prudhomme et Hautot : Mort & vif (2017 - Futuropolis)
David Prudhomme retrouve Jef Hautot 18 ans après Port Nawak. Cette première collaboration se plaçait sur fond de fin du monde, avec beaucoup d'humour. Celui du jour a en toile de fond de petites fins de mondes : rupture amoureuse, rupture de contrat de travail... Sans beaucoup de joie. On est en pleine dépression, de plein fouet, sans vraiment beaucoup de décalage. Heureusement, le type un peu dingue qui prend le héros en auto-stop amène suffisamment de vie pour qu'on ne se suicide pas en fin d'album.
Je me ravi de voir Prudhomme explorer des voies graphiques surprenantes... Jouer avec le média, triturer le cheminement de nos yeux. C'est rare, de ne pas se complaire de un style connu ou reconnu. Mais je suis moins fan de ces multitudes de traits, ou de cette mise en page qui tend vers l'oubapo (qui donne parfois de jolis moments de grâce).

Ronzeau et Le Quellec : Love is in the air guitare (2011 - Delcourt / Mirages)
C'est bourré de clichés de film de série Z à outrance... le mec amoureux qui voit pas que la nana est une horreur qui le dénigre, qui ne voit pas la nana mignonne et discrète folle de lui, le frère qui pense que comptable peut être le rêve de quelqu'un, le novice qui gagne le concours, la scène finale quelques années après... Mais c'est tout le temps !! Trop !! C'est beaucoup trop.
J'ai rêvé ou Mirages était une bonne collec avant ?

Constant et Cornette : Le sourire de Mao (2013 - Futuropolis)
Mais pourquoi un tel livre ? Pourquoi ce futur improbable ? Ce retour de Mao, cet attentat là ? Ces manipulations ci ?
Une fois refermé, le livre est fermé. C'est pas ça, un bon livre.

Efa et Jouvray : Le soldat (2014 - Le Lombard / Signé)
Heureusement : ça se lit vite. Une histoire vue et revue, un twist qu'on attend depuis le début, des personnages caricaturaux et sans profondeur. Je me dis que c'est le dessinateur qui a perdu le plus de temps dans cette histoire. La collec prestige du Lombard ?

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