Pendant que les blogs des amateurs de BD se regroupent (création de communautés sur overblog, groupes d'abonnés sur blogspot, mises en commun d'avis de lecture...) ou se retrouvent sur des forums (amateurs plus ou moins pointus), les blogs d'auteurs (regroupés aussi en familles, par le biais de liens, tellement nombreux parfois qu'on en vomit par avance), explosent les stat'.
Attention : il n'est pas question des blogs où les auteurs parlent de leurs conceptions de la BD, de leurs travaux, recherches, de l'avancement de leurs BD...
Petite définition tirée du Blade : un blog d'auteur est la copie du blog de Trondheim.
Ça raconte la vie quotidienne et banale d'un type normal. Bon. A la limite, on s'en fout : ce n'est pas de la BD. Ça commence à m'intéresser quand le blog devient un livre. Parce que, bon, je m'intéresse globalement à la BD... Et là on peut se demander si le monde de l'édition ne perd pas la tête. Mais à ce stade de l'article, posons-nous la question : "édition" a-t-il encore un sens quand il s'agit de miser sur le truc dans le vent, un truc qui va faire du flouze ! Les blagues de Toto, Les trolls aux jeux olympiques, Bigard ou Plus belle la vie, Les plombiers ou Les blondes : c'est de la consommation, pas de l’Édition. L’Édition, vous vous rappelez ? Un directeur artistique qui guide ses choix en fonction de considérations véritablement artistiques (Gendrot, Trondheim et Sfar, eux, éditent leurs potes), qui mise sur un talent en devenir, un type qui a une lueur dans l’œil (et ne possède pas forcément une technique impeccable, sortant tout droit de l'animation), qui le suit, le soutient et le conseille...
L'édition (avec un tout petit "e") est attirée par les blogs depuis les succès trondheimesques. Et j'en ai lu des BD d'auteurs issus de ce courant... enfin, souvent pas jusqu'au bout...
Trondheim est un cas particulier, il conçoit son blog comme une prépublication de son livre à venir... puisque maintenant, c'est sûr, ça se vend. Il ne se fatigue même plus à être piquant ou intelligent. Peut-on considérer cet exercice comme de l'Oubapo ? Plus de mise en page, plus d'histoire... oui oui, Oubapo colle bien à ça. Plein de vacuité (j'en suis revenu de l'Oubapo comme des pseudo-éditeurs pseudo-indépendants !!). L'édition des blogs en livre de papier de bois d'arbre n'a aucun sens artistique. C'est une mode, et donc, ça fait du fric momentanément. C'est juste une perte de temps et d'énergie pour le 9ème art. C'est pas grave.
Non, le truc qui m'inquiète, ce sont les récits électroniques, faits de 0 et de 1. Je me souviens d'un vieux CDrom de Blake et Mortimer, d'une de leurs aventures adaptée pour la lecture à l'écran... rigolo... J'ai découvert les BD piratables sur emule, qui existent depuis que les voleurs existent, pas rigolo...
Non, le truc qui m'inquiète vrrrraiment, c'est qu'aujourdhui, des auteurs réalisent spécialement des machins pour des écrans de téléphone. Et quand je dis auteur, je veux parler de Trondheim, alias le fossoyeur de la BD, dont une multitude de bloggeurs mangaphilo-panurgiques emboiteront le pas. J'ai été contacté il y a 3 mois par un diffuseur de ce genre de machin, pour un partenariat de visibilité croisée (sic, si si !)... le mépris que je lui porte m'a empêché de lui répondre d'un laïus plein de gros mots. Martin a tenté de lire Valérian sur son téléphone, et a raccroché. Airhesse est sous le charme...
Mais les nouvelles générations hypra-consommatrices qui marchent dans la rue les yeux rivés sur leurs portables (je suis devenu le roi des croche-pieds) ouvrent un nouveau marché aux éditeurs avec un petit "e". Les auteurs s'engouffreront dans cette voie, parce qu'il faut bien vivre, diront certains. Mais vivre debout, y ont-ils pensé ?
La fin de l'objet "BD" est la fin de l'art BD.
Sale note pour Trondheim... 0 ou 1, j'hésite.
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