vendredi 19 décembre 2008

Raging bulles de décembre

Bienvenue donc au dernier Raging de 2008.

La coutume veut qu'à Noël, les chroniqueurs choisissent un album, paru au cours de l'année (et non du mois écoulé). Le truc de la bombe, le machin à lire. Le chef d’œuvre à faire découvrir, à offrir.
Nous étions une trentaine, plus de 2 fois plus de fesses que de chaises, dans la salle de la chemcheminée utopiste. Un record jusqu'à présent. Sûrement du à l'article paru dans Sud-ouest, il y a quelques jours. Eric a emmené quelques bières et du jus d'orange (bio ?) pour désaltérer les bavards.
Eric ouvre chaque album avec un petit résumé, propose un angle de vue pour la critique... Peu de jeux-de-mots-qui-tuent cette fois-ci. Alors que bon... Tout le monde attendait Guillaume... et il est arrivé comme la cerise sur le gâteau ! Facile pourtant. D'ailleurs, lors d'une de ses absences (trop de bière !) ce dernier a pris sa place le temps d'une petite moquerie. Et Greg est revenu goûter sa madeleine de chef, en présidant l'assemblée.

C'est Dounia qui ouvre avec une adaptation de roman noir (Rivages noir) :

De Metter adapte Lehaye, roman que Dounia avait lu et aimé. Évidemment, la BD a entrainé des coupes... Mais l'adaptation est très réussie, et ses collègues la rejoignent en tout point. Guillaume avouant qu'il adore les scènes de nuit, et un peu moins celles de jour, où De Metter semble moins à l'aise... et qu'heureusement, ce huis clos se déroule plutôt de nuit. Avec la tempête qui nous empêche de quitter l'île, et qui pèse comme un couvercle (je peux citer Hugo, Xavier a dégainé Freud sur Pinocchio). Échaudé par le Baru, paru dans cette collec, j'ai évité cet album. Et je n'aime pas trop De Metter... Par contre, l'engouement général, et le feuilletage de la BD au cours du raging me la feront sans doute l'acheter.

Guillaume plonge à son tour dans le bain :

Vivès a déjà été chroniqué au raging, avec Elle(s), une BD avec des gros seins, assez discutée. Le goût du chlore a extasié son chroniqueur. Un chef d’œuvre est là, un grand auteur est né ! Genre Guibert. Une BD où il ne se passe rien, que de l'émotion, que des non-dits, des gestes, des élans, des regards... Tout est juste. Tout comme j'aime. Le dessin ne m'a par contre pas hyper attiré, et c'est chez KSTR... un label très moyen de Casterman (déçu-déçu du Tanxxx !!!)... Bon, je vais faire l'effort. Dounia, et les autres l'ont globalement suivi. Pas autant sur les promesses artistiques de Vivès...
J'aime assez les avis de Guillaume, ses remarques de pro, sa sensibilité (loin de l'héroic-fantasy et du comics).

Le choix de Xavier, un comics, comme par hasard :

C'est Transmetropolitan de Robertson et Ellis. Sa présentation est alléchante, ça serait du comics décalé, sans super-héros... Un truc intelligent, comme Ellis a l'air d'avoir l'habitude de faire. David, amateur également de Watchmen et autres comicsitudes, a aimé... mais semble beaucoup moins emballé que Xavier. Quand David aime, on ne peut l'arrêter, ses mains sont de secondes bouches... là, point... Dounia n'a pas lu (et ça, c'est pas très pro), et Guillaume n'a pas aimé. Ni le dessin trop raide, ni l'histoire, vulgaire, décrivant un univers futuriste comme on le faisait il y a 30 ans. Philéas n'a pas supporté ce déversement de grossièretés... Eric tente de faire dire que le dessin n'est pas terrible, faille dans laquelle Moynot s'engouffre.
Ed Tourriol, traducteur de comics pour Semic, Delcourt ou Bamboo, défend le graphisme. Parce que le dessinateur dessine 25 planches par mois, que c'est du boulot quand même. Alors, on peut pas dire que c'est pas beau. Le résultat semble malgré tout sans grande vie, sans émotion, sans provoquer aucune empathie... Mais bon, c'est quand même ce qu'on trouve dans la majorité des BD franco-belges (je ne lis pas de comics, mais c'est pas pour ça qu'il n'en existe pas de bons).

David voulait choisir la BD Les ch'tis, mais une sévère censure (guidée par la main du bon goût) l'en a empêché. Noël arrive, et c'était pourtant une bonne idée cadeau, pour offrir aux gens qu'on n'aime pas. Bon. Il s'est rabattu sur Aristide broie du noir, de Almanza et Gauthier :


Ce que David aime, c'est quand les gamins sont torturés, malmenés... Ici, la nuit d'Aristide est peuplée de monstres. Personne, évidemment, ne le croit, alors il invente une machine qui broie le noir, qui détruit les monstres... mais qui se trouve assez vite dépassée...
Tout lui a plu, et c'est l'album jeunesse de l'année. J'ai un peu de mal avec ce type de graphisme, très commun chez Delcourt, encore plus en jeunesse.
Ce que David aime, c'est faire souffrir les enfants, et faire De Funès avec les mains.

On termine en flambeau avec le terrible et désabusé Pinocchio :

On peut trouver moyen d'y rire, comme de s'y détruire. C'est tout en décalage, un assassinat en règle du monde lisse de Walt Disney, un graphisme dont on se régale... un pur bonheur... Winshluss joue avec notre intelligence, et c'est génial. Mais rien ni personne ne vient sauver le monde. Il n'y a pas de morale, pas de "bons". Le monde de Pinocchio est notre monde où les dérives sont poussées à fond. C'est terrible.
Les chroniqueurs sont unanimes... Ce livre frôle le chef d’œuvre. Je ne sais qu'en penser : j'ai adoré (un des 5, à la louche, meilleurs albums de l'année) mais je ne sais comment ce livre réagira à une 2ème lecture... avant de le classer tout en haut...

Sinon, va falloir utiliser "onirique" à bon escient les prochaines fois (c'est quand même plus lié au rêve qu'à l'imaginaire)...

Coté public, l'absence de Guillaume a été compensée par la présence de Cécil (c'est con, parce que Guillaume m'a avoué son admiration sans borne pour Cécil)... avec des remarques pertinentes, engagées. Et des remarques de connaisseur (en particulier sur le travail de De Metter), en résonance avec celles de Moynot. J'ai cru reconnaitre Hervé Bourhis, mais je ne connais pas les visages de tous les dessinateurs, juste leur coup de crayon. Éventuellement.

L'ambiance bon enfant, les discutions de qualité, et maintenant : de la bière... Qu'attendez-vous ! Viendez !!
Et sinon, parce qu'Utopia est un cinéma, payez-vous une toile. On y joue Burn after reading (gentillet, enfin, quelques "poum poum" quand même), Hunger, Louise Michel (dès mardi), The visitor (dernière semaine), et I feel good (à partir de mercredi).
Et puis, pour reprendre le mot de la fin de Xavier : achetez des BD !


L'album futuro de Troub's et le prochain pavé de Dash Shaw (Botomless Belly Button) seront à l'affiche de la prochaine rencontre, fin janvier.
En attendant, retrouvez les précédents points météo de déc 07, sept 08, oct 08, nov 08.

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