samedi 5 janvier 2008

Sous vos applaudissements...

Jacques Martin est l'auteur d'Alix. Et Alix m'a construit, tout comme Tintin.
D'abord parce que mon père était fan de Martin, et puis parce que mes toutes premières BD furent L'île noire, Vol 714, La tiare d'Oribal et Les légions perdues. Elles sont faciles à repérer sur mon mur de 2000 BD : leur tranche est éclatée, éparpillée, anéantie de tant de lecture. L'intérieur ne vaut pas mieux : dessiné, colorié, déchiré... J'avais pas encore 10 ans...

Le dessin est génial. Les 3 premiers ont un trait hyper précis, assez anguleux et très réaliste. Le style de Martin se stabilise avec La tiare d'Oribal, plus rond, plus dans la ligne claire d'Hergé. A partir du Dernier spartiate, il perd sa fraicheur, les traits sont soulignés, voulant retrouver plus de réalisme inutile. Et Le tombeau étrusque est le dernier lisible... Comme Jacobs, l'utilisation de récitatifs est exagéré, mais pas autant pléonasmique. Les bulles prennent parfois tout l'espace de la case.
C'est une BD où l'Histoire est la toile de fond, et les voyages d'Alix nous entrainent tout autour du bassin méditerranéen, et un peu plus au nord, à travers la Gaulle. Martin aura tendance à favoriser l'Histoire à l'histoire, et c'est quand même carrément moins bien, malheureusement. Martin se satisfait d'une belle case représentant un bon vieux monument, ou une cité reconstituée. C'est évident, il est devenu plus historien qu'auteur de BD. D'ailleurs, depuis quand ne dessine-t-il plus vraiment ?
Et puis, qui est Alix au fond : un gaulois au service de César, luttant pour l'empire, pour la paix, mais contre ses frères...

Chaillet, repreneur de Lefranc et sans doute nègre d'Alix, l'introduit dans un Vasco.
Boilet, dans ses débuts historiques avec Dans les veines de l'occident, place une sorte d'Alix, parfaitement à sa place.
Alix est très peu cligné. Et Lefranc itou !

La série Lefranc est rapidement délaissée par Martin, parce qu'elle se situe de nos jours. Bob De Moor, l'homme de toutes les reprises (le premier Blake et Mortimer post-Jacobs, et les essais de Tintin et l'Alph-art quelques années après la mort du Maître) illustrera Le repaire du loup, 4ème et dernier album lisible. Ensuite, le trait de Martin s'épuise, les reprises sont mauvaises (Chaillet, Simon, Carin). L'ennemi juré Borg devient l'ami de Lefranc...
Pourtant, les 4 premiers tomes sont très bien, et le manque de reconnaissance de ces séries par l'intelligencia tient sans doute du fait que Martin a tuer ses personnages en continuant à tout prix de dessiner des séries en qui il ne croyait plus. Mais bon, l'intelligencia, ou plutôt, ceux qui se drappent ainsi (la bande à Groensteen, les BAM, BANG ! et compagnie) ont l'esprit aussi fermé qu'ils se croient ouverts à la nouveauté.

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