vendredi 2 novembre 2007

Paroles

La série "Parole de..." permet à des dessinateurs d'illustrer des bouts de vie, des témoignages de destins bousculés, d'hommes simples face à un gouffre. Initiée par Corbeyran, les dessinateurs de ces ouvrages collectifs étaient d'abord ses déjà collaborateurs, amis.

Jadis en noir et blanc, de petit format, le livre a prit aujourdh'ui une autre dimension. Les dessinateurs peuvent  expérimenter sur des récits courts, des techniques narratives qu'ils n'auraient pas tenté sur un plus long chemin. Finalement, ces ouvrages remplacent les feux-périodiques de BD, Pilote et compagnie...
Alfred, bordelais aussi, remplace Corbeyran, aidé de Chauvel à la direction de l'ouvrage. Les témoignages ont été adaptés par ces deux-ci et par LeGalli, qui compléte l'ouvrage par un petit dossier sur l'immigration en France. Je regrette que les pensées des immigrants soient teintées de "petit nègre". Ca met une distance entre eux et nous, lecteurs. Une pensée est une pensée, même une volonté de récit... Ce n'est pas à travers les mots d'une langue qu'on ne connait pas... Bon.

Dans cet ouvrage, on suit donc des migrants, des étrangers en situation irrégulière, en situation anormale, parce que ce qui est normal, c'est d'ouvrir sa porte.
Une congolaise qui tente de quitter le Maroc, sans y parvenir. Un ivoirien perdu dans le désert marocain. En France enfin, une famille tchétchène sous la paperasse, une congolaise avec la prostitution pour seul horizon, un petit brésilien avec la ferme intention de se faire une place, une sénégalaise esclave d'une famille de sa famille, un jeune marocain dans la peur, une autre famille tchétchène trimballée par les flics, un vieux marocain militant...

Mattotti fait du Mattotti, en noir et blanc, souple et puissant, très sombre, sans yeux...
Gipi fait son Gipi, en aquarelle élégante, mais je ne sais pas pourquoi, je ne comprend rien à ce qu'il écrit. J'avais adoré ses 2 premiers albums, et acheté S. à sa sortie... toujours pas fini...
Peeters détruit les strips, sa mise en page est très Eisnerienne, puis tourmentée.
Place, je ne sais pas ce qu'il a fait précédemment ! Le trait est maladroit, trop jeune. Sa mise en page classique, son histoire très décevante, sauvée peut-être par sa dernière case...
Alfred essai de faire oublier son mauvais Pourquoi j'ai tué Pierre. Les métaphores allégoriques sont bien en place.
Brüno avec sa ligne extra claire ne nous montre aucun visage, tant l'être est nié dans l'esclavagisme sournois.
Kokor donne du souffle à son histoire, la rythme avec une scène dans un jardin public... On ne perçoit que peu la peur de cet homme, juste dans les fuites... C'est ... un peu... plan plan. Mais j'aime Kokor malgré tout.
L'histoire de Jouvray est drôle, son trait est magnifique, celui de la bombe, pas l'ordi du dernier décevant Lincoln (les 3 premiers sont excellents).
Pedrosa s'amuse, inove, joue avec son trait, et c'est beau.

C'est globalement beau. Plutôt bien fait.

Et puis sort en ce moment le 2ème tome des Paroles de poilus, en lien avec France inter et Radio France. C'est chez Soleil. Ils ont volé le concept de Delcourt. C'est honteux. Comme ils ont volé leurs premiers dessinateurs en soldant leurs BD dès parution. J'ai hésité à acheter le premier parce que Séverin (!!!!) y publie une histoire, et le deuxième parce que Rabaté s'y est embourbé (c'était dans son contrat pour les Petits ruisseaux ??).

Il y a des dessinateurs que j'aime, mais la présentation est lamentable, et certains dessinateurs m'horrible-pilent.

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