vendredi 30 août 2024

Tintin en Extrême-orient - épisode 4

La couv n'annonce pas l'épisode de la semaine, une fois de plus, mais le clos !

Le petit XXè #35 du 30 aout 1934

Ce que je craignais est arrivé bien vite : pas de clin d’œil aux pages de la semaine.

Dans le remontage des 2 pages en 1 seule, on perd une case au global : une case de rangement et la case du méchant qui s'enfuit lentement, qui a fait la couv du numéro précédent (qui n'était autre que l'assassin de la fin des cigares). Marrant ça, d'éluder la personnification du méchant : un méchant invisible et inconnu fait plus peur !! Par contre, en terme de suspens en bas de page (le gimmick d'Hergé), de 2 inquiétudes on passe aujourdhui à une case de liaison inutile ajoutée à ces pages...

(à suivre)


Je me souviens d'avoir lu cette BD gamin, et de ne pas avoir tout bien compris. Parce que je n'ai découvert que bien plus tard que la Chine était occupée par les japonais. Je suis passé à travers toute cette partie politique. Et je ne voyais pas bien non plus ce qu'était une concession internationale. Du coup, il y avait tout un tas de nationalité... créant une certaine confusion... Qui est qui ?

Tintin se déguise tout le temps. M. Wang lui envoie des vêtement chinois à la p12, qu'il ne quittera pas, sauf pour son premier jour chez les fils du dragon. Il se déguise en Général par la suite, pour passer le poste de garde et pénétrer dans Shanghaï. Le travestissement est tant sa marque de fabrique que Mitsuhirato croit le voir au Lotus bleu. Mais non, c'est juste le consul de Poldévie. Tintin se cache sous des habits, et dans des machins : voiture, vase, tank, tonneau. Tintin n'est pas là !!
Les Dupondt tente le déguisement, mais qui ne leur réussira jamais !

J'ai été très marqué par le nombre de cases uniquement informatives : coupure de journal (p1 et 60), feuille écrite (p1, 5, 12, 36 et 44), les écrans de cinéma, les horloges, un avis de condamnation, une affiche de la sureté...

Le lotus bleu est une fumerie d'opium, qu'on ne visite que 3 fois :
le jour 6 (p19) pendant 12 cases,
le jour 27 (p54) pendant 23 cases, où on suit essentiellement le barbu qu'on croit être Tintin !
le jour 28 (p56) où on passe 35 cases dans la cave, sans savoir qu'on est au lotus, et 5 cases où on le découvre.
Soit 8% de l'espace du livre, et seulement quelques heures, sur les 34 jours du livre.


Les personnages :
les amis : le Maharadjah, Wang Jen-Ghié et son fils Didi (?), Tchang*, le porteur, Tchang le jeune
*Tchang est un homme de main de Monsieur Wang. Il prend la suite de Didi et sauve la vie à Tintin à 2 reprises. Quand le sabre qui allait le couper en 2 se brise sous le coup de feu, Tintin applaudit (?) Tchang... Alors oui, le jeune Tchang est là, et a sans doute tout organisé, mais le tireur est surligné par Hergé avec les petite gouttes de stupeur... Alors, il s'agit peut-être de Tchang, le vrai ! Ou alors : tous les chinois s'appellent Tchang ?


les ennemis : Gibbons l'homme d'affaire (un Gibbons était déjà le nom d'un méchant dans les 2 premiers épisodes), Dawson le flic pourri, Mitsuhirato le trafiquant, Rastapopoulos l'insaisissable.
Milou et Tintin : Milou est beaucoup moins représenté que Tintin, d'abord parce qu'il n'est pas là : il n'a aucune utilité dans cet épisode, c'est juste un chien fidèle qui parcourt seul des kilomètres, guidé par son flair, à la recherche de son maitre. Et puis, quand il est à coté de son maitre, Hergé ne le dessine pas. Il ne fait rien : Milou est un poids mort dans cet épisode ! Sur les 893 cases de cet album, Milou est présent 246 fois, moitié moins que Tintin. Il aboi 6 fois, réfléchit tout haut 9 fois et parle à quelqu'un 4 fois (qui ne l'entend pas bien sûr). Donc la plupart du temps, il est juste là ! Tintin lui parle aussi peu.
D'ailleurs, depuis le Congo, Milou est de moins en moins présent, remplacé par les gentils, qui prennent de plus en plus de place.

L'amitié :
Ce mot, galvaudé, est sauvé magistralement en fin d'album !
Gibbons, homme d'affaire raciste, remercie Dawson, le chef corrompu de la police de la concession internationale : "tu es un véritable ami".
Mitsuhirato, le trafiquant d'opium, aux ordres de Roberto Rastapopoulos, appelle Tintin "son cher ami"... Il lui présente le grand maître en lui annonçant "un de ses vieux amis".
Les Dupondt sont là, un peu crétin, maladroit, bornés, mais on sent une vraie reconnaissance : ils sont "obligés d'arrêter un ami". Et le lui disent, "mon pauvre ami" !! Ils le tutoient d'ailleurs. Tintin, on ne sait pas trop, vu qu'ils marchent toujours par deux...
Mais Tintin rencontre Tchang, et une nouvelle relation se créée, un peu en dehors des cases : il n'apparait qu'en fin d'album (p42). Ils deviennent vite inséparables, ils se sauvent mutuellement la vie, unis profondément. A cause de ça, Milou disparait heureusement. Parce qu'il est un poids pour Hergé : mi-chien, mi-homme (il dialoguait avec Tintin, et continue un peu de parler) le style navigue, hésite entre réalisme et gros-nez... Milou doit disparaitre ! Dès la page 47, Tintin lui dit qu'il est "un véritable ami". Mais c'est le discours de Wang Jen-Ghié, très solennel et très chinois, qui scelle cette amitié... très fraternelle.

La famille :
Monsieur Wang et son fils, avec Les fils du dragon, sont unis dans la lutte contre les trafiquants de drogue, et donc, aident Tintin. Tintin appelle Madame Wang "maman" (p29)
Didi devient fou, et est entrainé à décapiter son père et sa mère (et Tintin en prime) !!

Le patriarche accueille en toute fin d'aventure, Tchang (orphelin) et Tintin dans sa famille.

Il manque une famille à Tintin. Tchang en trouve une dans cet épisode.

La durée :
La BD se déroule sur 34 jours. Ceci en estimant que le voyage entre l'Inde et Shanghaï s'étale sur deux jours. Et en fin d'album, on a droit à un "quelques jours plus tard", que j'ai estimé à 3 jours, parce qu'il faut bien.


Par contre, on rencontre deux problèmes :
p42, le chef de train dit à Tintin qu'Hou Kou est à 3 heures à pied. Tintin marche... mettons 1/2 h avant de sortir Tchang de l'eau. Ils marchent ensemble, et par chance, Tchang connait un raccourci. Ils arrivent cependant le lendemain ! Hergé s'est mélangé les pinceaux dans deux séquence parrallèles, dont une devait se passer la veille...
p56, Tintin est caché dans le camion, et est étonné du temps de transport... plus de 2 heures !! Pourtant, le camion se dirige vers le Lotus bleu, en plein Shanghaï... C'est d'ailleurs pour ça qu'on est tous étonné que la cave où toute la famille est détenue se trouve sous la fumerie. C'est un malheureux subterfuge d'Hergé !


La durée de l'aventure est dans la moyenne (autant de plus courte que de plus longues)

Les voyages :
Les lieux sont plutôt bien identifiés : la ville de départ, imaginaire, et la ville d'arrivée, réelle. Les lieux sont nommés (rue de la tranquilité, rue de la montagne pourpre, du sage immense, route de Nanking).


Les moyens de transport :
- Bateau : Tintin arrive à Shaghaï en bateau (1 case sur le ponton), quitte Shanghaï (24 cases) et est récupéré dans une caisse par une jonque amie (5 cases). Il repart en fin d'aventure (5 cases)
- Sans carbone : Il se promène en Pousse-pousse (3 cases), en porteur d'eau, en vélo volé (4 cases), en pousse-pousse chez le professeur (1 case), à la réception (1 case), chez Rastapopoulos (1 case) et retourne chez lui (1 case). Retourne chez le professeur (il hèle le pousse-pousseur)
- Train : bref voyage (5 cases), puis vers Shanghaï avec Tchang (5 cases)
- Véhicules à moteur : Tintin quitte le Maharadjah vers le port (1 case), s'accroche au pneu (4 cases) et revient ficelé par les méchants (1 case). Part à Shanghaï (3 cases), échoue dans une remorque (4 cases). Il vole un tank (7 cases) et un taxi (6 cases + 3 cases), voyage en camion caché dans un fût (5 cases).


La distance parcourue dans ce 4è opus est conséquente (on la voit peu avec toutes ces ellipses).

Science et superstition :
Tintin utilise un télégraphe personnel.
Le fakir en début d'aventure lui prédit son avenir dans les lignes de la main.

Les rêves et la folie :
Les rêves :
p38 : Mitsuhirato prémonitoise l'évasion de Tintin.
p50 : La vision de Tintin réveille Dupont.
La folie :
Le radjaïdjah rend fou le visiteur chinois en Inde, puis Didi, le fils Wang. Mais pas Tintin !
p47 : Tchang fait passer les Dupondt pour deux fous !

La mort et la maladie :
Le poison qui rend fou entraine Tintin à la recherche du professeur capable d'en trouver le remède (à partir de la séance de cinéma, le 8ème jour, p32).
Tintin envoie 3 gardes immenses à l’hôpital.
Milou boit le thé empoisonné répandu sur le sol... il est alité !
Une vache est emportée par le fleuve en crue... La mort est là, mais Tintin aussi, et Tchang est sauvé !
Tintin est blessé par le faux photographe, au vieux temple. Pourtant, cette photo existe !!
Mitsuhirato se fait hara-kiri.


J'avais pris des tas de notes, tenté des approches des différents thème qui ressortent... et puis j'ai juste analysé, fait des courbes... mais rien que ça :


C'est marrant de voir la baisse continue de la présence de Tintin au fil des épisodes


et de Milou ! et de sa façon d'être (de communiquer avec Tintin).






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