Je suis un enfant de Tintin et de tintin. J'adore Alix et Lefranc de Jacques Martin, Corentin de Cuvelier, Blake et Mortimer de Jacobs. Dans les années 90, quand je disais ça, je me rattrapais aussitôt en disant que oui mais je lis surtout les trucs indé de l'assoce et Cornélius. Maintenant que le culte à Chaland est bien installé, que les auteurs indés n'hésitent plus à dire leur amour des vieilleries passées... j'ose.
Portrait de Jacques Van Melkebeke par Jacobs
Je viens de finir A l'ombre de la ligne claire, Jacques Van Melkebeke le clandestin de la B.D. de Benoit Mouchart. C'est marrant parce que je l'ai acheté d'occaz, et j'y ai découvert une dédicace faite à un "Jean-Marc", qui appellerait l'auteur son "fils spirituel". Ce qui ne l'a pas empêché de balancer cette "enquête" chez un bouquiniste.
Ce que je ferais sans doute.
Parce que ce n'est pas une enquête. C'est un hymne, un panégyrique, un machin dégoulinant où la mauvaise foi met un voile définitif à toute révélation de Mouchart sur la vie ombrageuse de Van Melk. Mouchart s'attarde sur le fait que Van Melk aurait été collabo à son insu, reprend pour vérité des textes qu'il a écrit pour se défendre face à un tribunal qui jugeait les traitres... Mais ça pu la mauvaise fois, la parole d'avocat sans scrupule. Van Melk a collaboré à divers journaux pro-nazis, et a signé en particulier un article odieux repris dans le livre... mais Mouchart explique qu'on a obligé JVM à l'écrire, puis à le signer, à contrecœur...
Mouchart vante son talent de scénariste (des oubliables Hassan et Kaddour) et son influence extraordinaire sur les scénarios de Hergé et Jacobs... plus que Van Melk lui même d'ailleurs... même s'il met le doute à chaque fois, en jouant le grand humble, généreux de son "talent". Mouchart s'attarde lourdement, se répète à propos de l'humilité mêlée d'altruisme qui a poussé JVM à ne pas signer ses scénarios... A force : on n'y croit plus. On se dit que c'est pas possible : c'est un travail de commande pour redorer le blason rouillé de JVM.
Mouchart nous explique que son goût juste et sûr d'artiste immense en a fait un critique d'art sévère mais juste... et n'est pas fichu de nous mettre un seul tableau sensible de Van Melk... Mouchart en fait un artiste maudit, alors que c'est plutôt un artiste raté.
Je voulais aimer "l'ami Jacques", mais je déteste ce type, intransigeant quand il veut, quand il peut...
C'est l'Amitié et la recherche de ses signes qui ont été le moteur initial de ce blog (Jacobs en couverture des cigares du pharaon a ouvert ce blog il y a 8 ans). J'ai adoré découvrir un même visage dans divers Tintin, et faire le parallèle avec cette petite rivière de lait... Je trouve d'ailleurs un peu con qu'il ai gâché cette amitié en méprisant la main tendue d'Hergé !
Ça m'a amusé de découvrir dans ce bouquin que c'est la fille de JVM qui a découvert Talbot sur une plage !
Je l'aimais bien Mouchart quand il était aux commandes d'Angoulême ! Il est maintenant chez Casterman, vieille maison belge peu rock 'n roll...
Et puis pour en revenir au bouquin... l'achetez pas : j'ai jamais lu un truc aussi insignifiant, partisan et mal écrit. Ça m'a donné envie, par contre, de me plonger dans Un opéra de papier.
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