Le nouvel opus de Blutch est dans le prolongement de Le bonheur, La volupté et La beauté*. Il y a aussi un peu de Vitesse moderne. Ou plutôt : ses obsessions lugubres se retrouvaient déjà dans ce bouquin incompréhensible.
Il y a un truc que je n'aime pas en BD, mais finalement, aussi dans les relations que j'ai avec des gens de chair et de sang, c'est être pris contre mon gré pour un psy, un puit à vomissures, un déversoir de cauchemars. C'est pour ça que l'autobio introspective, ou les relevés de rêves (ceux de David B par exemple) me tombent des mains. C'est pour ça que je me suis senti prisonnier de ces bouquins d'une noirceur extrême : je n'étais pas à ma place ! Ces bouquins ne sont pas pour moi, et finalement, il ne sont pour personne d'autre que l'auteur lui même, et son thérapeute, s'il ne s'est pas fait sauter le caisson.
Blutch : Pour en finir avec le cinéma
On sombre dans ses obsessions habituelles. Des images de femmes inertes et nues, offertes mais surtout à prendre, parsèment le livre. Et leur contraire aussi : une danseuse de boite à musique. Les femmes sont comme des papillons, aveuglées par la lumière du cinoche (et des apparences), attirées par des mâles et leur force animale.
Tout est froid !
Et les relations homme / femme décrites assez tristement, désespérées, violentes.
Il n'est pas question de cinéma finalement : le sujet du livre est la déchéance, la vieillesse et la mort... ce qui disparait en mirroir de ce qui reste (des images).
Je ne le conseille évidemment à personne. Et je savais, en l'achetant, que je tomberai dans ce précipice d'obsessions. Mais comme vous le savez, j'adore Blutch. Son dessin. Ce qui se cache derrière, une fragilité que je sens et qui m'émeut. Une fragilité qui disparait peu à peu derrière le voile qu'il impose au gré de ses bouquins abscons. Voilà : je ne le vois plus. A force de jouer à l'Artiste incompris, au Poète maudit, l'homme que j'aimais s'estompe. L'enfant que j'aimais plutôt. Parce que quand parait Le petit Christian, je sais que je retrouve espoir en Blutch ! A quand un tome 3 ???
*Ces bouquins sont parus chez Futuro. Ce livre de Blutch y était annoncé d'ailleurs, sous le titre de Paul Newman (j'en parlais il y a un moment déjà). Mais voila, il semblerait que ce merveilleux gentleman y aurait touché les avances avant de filer les boire chez Dargaud (un épisode est paru dans le Pilote de l'été dernier) !
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