dimanche 29 août 2010

Bonhommni-visibilis

C'est bien parce que c'est Bonhomme qui dessine ce bouquin que je me suis décidé à l'acheter. Et de ce point de vue, le contrat est rempli : c'est bien fait, et j'aime bien cette absence de couleurs, le bleu servant principalement à matérialiser les ombres.
Je l'ai dis souvent ici : je trouve son dessin impeccable et sa démarche artistique prometteuse. La biblio de Bonhomme s'étoffe et se diversifie dans tous les sens (univers, genre et tonalité) : un grand auteur !

Bonhomme et Trondheim : Omni-visibilis (chez Dupuis)

Bon alors Trondheim maintenant... De fan absolu, j'ai vite déchanté face aux insipides Lapinot fortement influencés par ses BD nombrilistico-bloguiennes. Des ouvrages (on dit pas "BD" quand c'est à l'asso) par dessus la jambe, parce que c'est trop classe de laisser des ratures et des dessins pas beaux, un journal au ras des pâquerettes, un plagiat de L'art invisible, un Spirou au ras des anémones de mer... Il y a eu le sursaut L'île Bourbon, et puis voilà.
Trondheim fait du Trondheim. Les dialogues qui m'avaient ravis jadis m'ennuient, tellement ils sont attendus. Je réalise que je les ai aimés parce que c'était nouveau à l'époque...
Dans ce livre, il s'essaye au réalisme, et coté dialogues, il y parvient plutôt. L'entrée en matière, assez "pipi-caca" me faisait craindre que l'on sombre dans Les petits riens.
Sa maladie de l'ultra-propreté, qu'il met en avant tout le temps comme s'il était chez son psy, a le dont de m'agacer au plus haut point (on n'a pas mérité ça !).


Mais voilà, j'ai aimé le bouquin dans sa globalité.
Même si l'attitude des gens face à ce phénomène extraordinaire (tout le monde perçoit ce que notre moustachu sent) m'apparait étrange. Trondheim fait de son héros un plateau de télévision, à la fois journal de télé, écran publicitaire, télé-crochet ou émission confession... où réellement il se passe des choses qui dépassent le sens commun, finalement.
Le scénario (qui n'était qu'une course poursuite) est sauvé par une scène magique et puissante en fin d'album. Une scène ouverte (on y met ce qu'on veut) très belle.

La biblio en fin d'album attribue à Trondheim des "romans graphiques", expression qui fera plaisir à tous les pédants à qui le mot "BD" file de l'acné... ceux qui lisent télérama ou les inrocks, qui achètent des livres à l'assoce sans les lire... La BD c'est pour les gosses, le RG a l'air d'être un "vrai" livre (même format, pas de couleurs)... ils se font quand même avoir très facilement ces intellos.
Pourquoi je m'énerve tout seul ? Pour une fois que Trondheim fait quelque chose de pas déplaisant !! (ah s'il pouvait nous refaire un truc dans le goût de Blacktown, du Pays des trois sourires, de Mildiou ou de La mouche, de Psychanalyse ou de Monolinguistes, de ses pattes de mouche terriblement malines !!!!).

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