Bon. C'est la faute à Dupuy et Berberian. On leur pardonne, parce qu'ils ont un certain talent pour se vendre (des as de l'illustration publicitaire). Mais Christopher (argggg) ou Barranger !!! Des tranches de vies insipides sans rythme, sans vie... Ici, c'est au cycliste, alors le papier est beau. C'est déjà ça.
Coté clin d’œil, un passant avec un carton à dessin me met à l'arrêt, la truffe au vent. Ici, ce buveur charismatique ressemble au dessinateur de ce bouquin (et donc, je remue la queue).
Annie Goetzinger est une femme. Enfin, genre "Elle" ou "Marie Claire" : la superficialité des robes de princesse et des beaux bijoux. Elle dessine pour dessiner Charlotte et Nancy ! Son trait est un peu tout raide, mal assuré, mais figé dans ses erreurs.
L'histoire est inintéressante au possible. Les petits coins sympas sont du côté des arrières plans (l'histoire très secondaire de l'assistant de Mme Hardy). On oscille entre un ton réaliste (enquête très sérieuse), et un esprit décalé, un peu british, qui me rappelle qu'il y a bien longtemps, j'adorais Christin. Ce clin d’œil arrive magistralement :
Ce livre suivant est une page d'histoire incroyable : personne n'y a cru (on aurait par la suite moins douté de la possibilité de la shoah) et la Turquie continu de faire preuve d'une abjecte mauvaise foi. On est en pleine guerre mondiale, et les arméniens sont déportés, et massacrés jusqu'au dernier. On accompagne plusieurs points de vue. Résignés, dépités, parfois révoltés. Finalement, ce livre m'a semblé trop court. Le dessin est un peu maladroit, mais les pages de chapitre sont très belles.
Ce livre vaut avant tout pour son témoignage, et à ce titre il est indispensable (mon incultance était telle que je n'y connaissais rien !).
Bon : ce Blake et Mortimer contient tous les défauts de Van Hamme, l'homme aux grosses ficelles. L'homme qui manipule les lecteurs en glissant des hasards ou des situations approximatives, et des relations humaines terriblement froides, orientées vers la bonne marche du Récit. Point de subtilités donc. Mais vous connaissez la mécanique de Van Hamme (dont l'apogée est dans Largo Winch : un piège, une cascade, une scène de cul, un coup de théâtre, une bonne bière). Mais voila : la BD (disons : la littérature dans son ensemble) n'est pas de la mécanique. Il faut une âme, un petit quelque chose qui fait vibrer le petit quelque chose qui se cache sous la poche-porte-feuilles du veston de Winch inc.
Graphiquement, vous aurez remarqué une couverture assez moche, quelques références à Martin et Jacobs (et Juillard, ci-dessous). Mais finalement une assez bonne homogénéité entre les styles du défunt Sterne et de sa successeuse de femme, dont je n'étais amateur ni de l'un ni de l'autre. Mais ce ne sont pas eux qui dessinent : c'est le Jacobs qu'ils ont intellectualisé.
Pêle-mêle, ci-dessous, des clins d'oeil à Tintin (des comme je les aime) et des plaques d'immatriculation à éclaircir (RC comme René et Chantal, VH-S à la manière de Vance : comme Van Hamme et Sterne ??).
Ne vous précipitez pas pour le lire, le dénouement se trouvera dans le prochain numéro, dessiné par Aubin Frechon.
Et là, vraiment, je me demande si c'était bien raisonnable de faire ça à nos deux comparses brittaniques. Maintenant c'est acté : on ne retrouvera jamais le charme de Jacobs chez ces dessinateurs qui jouent un jeu étrange : créer quelque chose qui est déjà créé.
De bons petits soldats au service d'une mécanique glaciale.
les images en entier :
De Spiegeleer et Van-Hamme : Blake et Mortimer #19 p52
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