J'ai un peu abusé avec Le groom vert de gris et ses caisses de clins d'yeux. Si je reviens dessus, c'est après avoir lu une critique cinglante (que je ne retrouve plus) de Pasamonik (proche de Chaland, qui déjà à l'époque lui déconseillait de se rapprocher de Yann) et surtout un torchon de Sfar.
Sfar critique le Spirou de Yann, de manière absurde. Il utilise un ton méprisant, faussement sympathique, interprète des propos de Yann...
Lui reprochant d'avoir utilisé des personnages historiques... euh, non, d'avoir utilisé Anne Frank. Et là, on touche un thème délicat, parce que "juif" va être prononcé (et mon avocat qui n'est pas là !). Sfar est juif, trouve drôle (mais faut-il le croire) quand un personnage des Innommables dézinguait un bonhomme à gros nez et disait "l'ignoble petit juif"... mais pas quand Spirou embrasse la petite juive (que je n'avais pas identifiée comme étant Anne Franck, vu qu'elle s'appelle Audrey) cachée sous les toits. Que Spirou tente de retrouver en fin d'aventure... mais... que de bons concierges ont sans doute dénoncé...
Sfar parle d'un moment qui combine de façon abominable une vision caricaturale de la femme, de l'amour, des juifs, de la déportation et de l'éveil des sens. Et là, je ne comprend plus !! Où une vision caricaturale des juifs ? Jamais !! C'est une vision assez simpliste de l'histoire que Yann nous donne à lire, mais surtout celle des résistants et des collabos. C'est une BD aussi pour les enfants ! Qu'est ce qui est abominable ?? Oulà : trop d'intelligence tue l'intelligence (pour ceux qui ne suivent pas : Sfar est la caution intelligente de la BD).
Pourtant... pour aller dans le sens de Sfar, je me suis toujours dis que Yann avait une drôle vision des femmes, de l'amour... Et ai souvent été surpris que les juifs soient si présents dans ses BD, de façon assez ... étrange... que j'ai craint qu'il fut antisémite... Et que je m'étais ensuite dis qu'il pouvait être juif, et en vouloir terriblement à sa mère (comme on en veut tous à notre mère)... A force de lire Yann, on se rend vite compte qu'il est un sale gosse qui remue ce qui fait mal... Un peu à la sauce Charlie hebdo. Ou Siné. Et puis surtout, c'est loin maintenant. Aujourdhui, ses femmes sont entières, et les juifs ont des étoiles parce qu'il peint l'occupation. Les procès d'intention de Sfar sont mal placés, et pourraient aussi bien être interprété... mais par quelqu'un de plus honnête que lui. En tout cas, je ne m'y risquerais pas. Sfar ne m'intéresse plus.
Mais à qui sa paranoïa donne-t-elle du grain à moudre ? Sinon à celle de l'ancien soit-disant-comique plus drôle du tout. Larcenet dit ne vouloir être critiqué que par des auteurs, mais là je me dis que les auteurs, même les bons intellos estampillés télérama, peuvent aussi bien dire de belles conneries.
La réponse de Yann me plait assez.
Et je me suis vu dans sa lecture de La vallée des merveilles, livre de Sfar que j'ai détesté, pourtant encensé par télérama, Le Monde, et les intellos qui l'avaient pas lu. Je l'ai plus, vendue à mon bouquiniste avec le soulagement d'avoir nettoyé mes étagères d'un truc inutile. J'ai guetté ses Bayou, laissés en friche, pas dirigés, et dont beaucoup sont d'énormes déceptions (Chaque chose) ou de fausses bonnes surprises (Capucin)... Depuis, je ne lis plus ses BD (enfin, ses "ouvrages" combinant dessins, textes et partitions d'Ukulélé), je jette un oeil désabusé sur la vision attendue de télérama sur la BD (euh : sur le roman graphique) et regrette, la tête dans les mains, Les olives noires... série extraordinaire.
Du coup, je n'ai même pas pris le temps de relire Le groom, pour avoir une vision de lecteur, et plus de lecteur épaulé par un chasseur...
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