lundi 8 juin 2009

Droit du Sol

Masson m'avait fait chialer, puis horripilé...
Droit du sol est un gros bouquin politique. Dans la lignée de ses bouquins à-peu-près-autobio. Comme Pelloux, Masson donne sa vision de la société à travers le service public de la santé. Heu. Enfin, ce qui pourrait (devrait) être un service public. Ce qui fait notre fierté quand Moore nous faisait Sicko. Ce qu'on est en train de nous supprimer mine de rien... un ptit coup de finale de foot, un président des USA comme les autres en visite, le tout arrosé de bière, et après on dira qu'on savait pas !

Je ne vais pas le redire, je n'aime pas le dessin de Masson (ah bin si je viens de le faire !). Je me suis dis, parce que le livre est un peu long, qu'il aurait pu condenser, et s'appliquer sur le reste... mais ce n'est pas son genre. Il raconte avec les mains qu'il a.

Et il y a des passages comme celui-ci. C'est ça aussi, le langage de la bande dessinée.

On est à Mayotte, où on suit la vie de quelques expat', dont les destins s'entrecroisent à peine. Une infirmière pleine de vie, que rien ne viendra abîmer. Un gros type sympa, un peu naïf.. euh... mince... vachement naïf. Quand vouloir des trucs simples et bien rangés font de nous des fachos ordinaires ! T'façon, un type qui vend des téléphones portables ne peut pas vraiment être un bon gars.
Et puis un gros vieux dégueulasse, un médecin assommé par le shink, des femmes dans la tempête, un (connard de) flic, un doc qu'on aime bien quand même...

C'est une BD politique, où on s'aperçoit qu'il manque beaucoup de fraternité, d'humanité dans nos lois, dans nos façons de les appliquer. Que la misère est le terreau de beaucoup de violence, que les flics portent cette violence, et que tout ça est mis en ballet par une droite fière et joyeuse.

C'est une sorte de carnet de voyage, dans la misère. J'y ai appris beaucoup sur le fonctionnement de la France d'outre-mer, sur les citoyens de 2nde catégorie, et ceux d'aucune. Je m'y suis posé beaucoup de questions (sur le droit à la santé, sur l'accueil, la générosité) et me demande toujours pourquoi les gens touristent.

Bref, une BD humaine, assez peu émouvante, mais l'émotion, c'est ce sur quoi les médias nous tiennent en nous balançant un avion coulé dans les dents... (30 avions de séropositifs, tous les jours, sans une seule minute de silence...) Une BD importante ?

Les médecins avaient le serment d'hypocrite, Masson nous sert son serment d'hypocrate :
Je me battrais toujours contre ceux qui s'y sentiront plus chez eux, ceux qui sont nés quelque part. Même s'ils sont toujours trop nombreux. Je m'occuperai toujours des "plus petits". Reste à espérer que ces enfants à venir seront moins crétins que leurs parents ! Mais comme je donne naissance à des mômes, je sais à quel point ils sont beaux...

Et puis, on termine par un clin d’œil :

C'est pas tout à fait ça, c'est pas du copiage... une interprétation ?... Du coup je n'en suis pas sûr... mais je prend le risque.



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