lundi 27 octobre 2008

Le grand Blutch

On ne l'attendait plus.
10 ans que le premier volume a paru. Des années que la sortie de cet opus est repoussé de mois en mois, et tout à coup, d'années en années...
Bien sûr, pendant ces années, Blutch a travaillé. De l'illustration, de l'animation. Mais surtout de l'illustration, comme s'il avait soudain eu, après la peur du noir, l'horreur de la bande dessinée.
Le malheur commença avec Vitesse moderne en 2002, à classer absolument ailleurs que dans la catégorie BD. La narration est autre, dans le malaise que l'on ressent à lire cette folie. Et voir cette BD classée dans la collec classe mais grand public de Dupuis, est déroutant. Moi qui conseillais toujours cette collection aux adultes peu connaisseurs, mais désirant savoir ce qui se faisait en BD en ce moment... j'en suis devenu tout penaud...
Et vint le triptyque Bonheur - Volupté - Beauté... livres d'illustrations, que Blutch voulait tels.

Alors le voir revenir à la BD : quel bonheur devant tant de beauté !
Bien sûr, le trait qui avait touché mon cœur dans le fluide n°142, et continué de m'émouvoir dans Mademoiselle Sunnymoon, Waldo's bar... ce trait n'est plus là. Plus tellement là. Mais les dialogues, la tendresse, la simplicité, l'intelligence de la narration, les parallèles imagés, les madeleines de Proust pour les bientôt quarantenaires... tout est là comme au premier jour. Alors oui, Blutch est de retour.

Ce retour était annoncé : cet été, une partie des pages étaient en prépublication dans Charlie hebdo. Les premiers récits ont été publiés dans ferraille en 2005 et 2006.
Blutch y fait un clin d’œil à Asterix, aux Schtroumpfs, mais surtout à Tintin :


Il utilise le même procédé que dans Sunnymoon tu es malade : il place telle quel une case d'Objectif Lune.

Sa famille devient étrangère, et prononce des paroles incongrues. Une insulte méconnue de Haddock du Crabe aux pinces d'or, une expression congolaise...

... suivie de près par la venue d'un personnage tiré de la première aventure du reporter (le col et les manchettes en p20 et le chapeau découpé par Saint-Mar-Tintin en p27).

Et puis cette métaphore, entre vie (amour) et désert... et désert dans Tintin, c'est Le pays de l'or noir, et les stupides Dupondt en jeep. Mais le petit Christian s'égare et meurt... Son fidèle Milou pleure sur sa tombe, comme dans Les cigares du pharaon...


Le scaphandre qui illustre sa carapace est celui de Tintin dans le trésor de Rackham le rouge.

Tintin ne quitte pas Blutch. Rappelez-vous que sa première histoire parue, en 88, raconte le tournage de Tintin au Tibet. Et on le retrouve dans quasiment toutes ses BD par la suite. Hergé et ses débuts dans Bloche, la castafiore dans Total jazz...

J'avais noté une faille spacio-temporelle sur le site du festival d' Angoulême : on trouvait, dans la sélection officielle, des albums non encore parus, mais tant attendus ! En particulier le nouveau Jonathan et ce petit Christian... J'aimerai vraiment savoir comment le jury sélectionne les BD... Apparemment sans les lire, le nom de l'auteur semble suffire... enfin, dans ces deux cas, ça me va.

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