samedi 13 septembre 2008

Le singe, Oedipe et Alfred

Ça faisait des années que je n'avais pas lu le diptyque de Dumontheuil et Angéli. Mais comme à présent j'habite à Bordeaux, je voulais voir si je reconnaissais des coins. Ou des gens de l'atelier. Mais finalement non. L'histoire se déroule au pied du pont d'Aquitaine, où il est rare de se promener. J'y suis allé il y a un mois, perdu entre les travaux du tram, en direction de la base sous-marine.

Les auteurs en repérage au début du #2

Le cadre est ce petit quartier dans Bacalan, un peu miséreux, où les ordures s'amoncellent, où la police ne met ses pattes de poulet que pour retirer les cadavres des fossés... où les assistantes sociales se prennent le choc de leur vie.
Dumontheuil y développe son petit monde aux frontières du réel. Où les questions n'ont pas de sens, sorte d'omerta naturelle. Les triplés noirs sont les vrais fils de Denis après tout. La grosse sirène, vieille pute immobile, attire irrésistiblement les clients à elle, tous les hommes du quartier en sont amoureux. Et alors. La folie est pleine de tolérance.
Cependant, un vrai secret plane. Sa découverte fera naitre Œdipe. On apprend même, dans le 2ème tome, qu'il s'est crevé les yeux, dans son exil forcé.

Aux cotés du singe, la dame blanche succède à la sirène.

Le MacGuffin de l'histoire est le dérapage d'une voiture de luxe, perdue ici bas. Ah oui, Hitchcock est très présent ici ! Œdipe est assez proche d'Hitchcock, ses héros sont souvent étouffés par leurs mères, et leurs relations avec les femmes sont délicates. Hitchcock tue sa mère dans ses films, sans arriver à atteindre une femme, blonde platine... froide.
Le corbeau empaillé dans le coffre de la voiture, les oiseaux du doc, la séquestration dans un pièce remplie d'oiseaux empaillés...
La ressemblance de la dame blanche avec Tipi Hedren, le goût de son mari pour les vieux films, dont Psychose...

La scène de cauchemar à la Dali tirée de La maison du Dr Edwardes...

Avec Dumontheuil, c'est comme toujours un peu décalé. Enfin, beaucoup moins que Big Foot. Le petit monde des 3 parisiennes exilées à Bacalan est très attachant. Les putes, légionnaire, assassins, gitans, voleurs, trafiquants... on s'y sent bien finalement... Quelque chose de très humain flotte au dessus de ça, par delà le grain de folie. C'est un vrai polar.

Un petit air de Prudhomme, auteur du récent Port Nawak en 2001.

#1 p30 et #2 p72

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