jeudi 31 janvier 2008

La beauté à domicile*

La beauté est enfin là.

C'est un magnifique livre d'illustrations.

Il y a des bébés pas beaux, qui sont des poids. Qui pleurent, et qu'on porte.
Il y a des piscines et des chiens. Beaucoup de chiens, calmes ou méchants, jamais gentils ni sympas.
Des paysages désolés, des coqs. Et des petits oiseaux de ci de là. Sans beaucoup de vie.
Des femmes nues allongées par terre et des chiens ou des chats, avec des bébés et des vieux bourges.
Des fillettes avec des chiens et des vieux.
Des volcans, une fumée qui envahi tout.
Des plateaux de nourriture.
Des scènes ré-interprêtées, des femmes tirées par les pieds, des cheminées, des cabanes dans des jardins.

Et puis des pierres, des immeubles, un peu d'air libre.
Et à nouveau des intérieurs calmes, où l'on se repose, où l'on se fait coiffer, où l'on mange, et peut être où on fait l'amour...
Et ces montagnes éternelles en arrière plan, qui explosent en volcan, parce que l'éternel est insuportable quand on est mortel.
des collages de tableaux précédents,
Freud est là quand le jeune couple fait l'amour, et nous aussi, on est là, on les regarde tous les trois, en mangeant des raviolis.
Les hommes en costumes envahissent tout, ils vieillissent... Les jeunes femmes sont derrière les portes, à écouter, ou à nous entrainer de l'autre coté.
Et elles se dénudent, mais sont entravées...

...

C'est très lourd, lire ça tout d'un coup. Il y a peu de chaleur. Il y a du bleu, du noir et du rouge. Il n'y a pas de récit, pas de début, mais apparemment une fin. On voit les obscessions qui influencent le travail de Blutch, et comment elles se dissipent un peu, changent pour revenir parfois. Ca m'a dérangé, j'y ai vu beaucoup de cotés malsains. C'est cru, parfois un peu gratuit. Les images un peu chargées, parfois avec une composition décevante.
Mais le trait, l'émotion procurée par le dessin est toujours là. C'est un livre d'illustrations, que Blutch aimerait que l'on range parmi d'autres livres d'illustrations. Mais moi, je préfère mille fois plus ses BD que ses illustrations, parce qu'il y a beaucoup de légèreté, qui soutient son coté dur...

Les aventures de Sunnymoon sont au sommet de ma montagne, tout à coté de l’œuvre immense de Forest. Vivement que Blutch renaisse à la BD.

J'ai mis ici :

quelques tableaux assez proches de ce que Blutch a fait là. De Baltus à Chardin. Et de Torres à Courbet et Newton.

Petit bonus, trouvé sur un blog ibère : Blutch à Angoulême, l'année dernière, illustrant le concert de Brigitte Fontaine, ma petite cousine.


*Ce titre peut bien sûr semer le trouble, car c'est le nom d'une BD de Jean-C. Denis, compère de Berberian, alors que Blutch était plutôt coloc de Dupuy. D'ailleurs, ces deux-ci, qui méritaient le grand prix autant que le duo d'illustrateurs de pub, seront sans doute mis à l'honneur du prochain festival d'Angoulême. Et ce sera tant mieux.

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